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Côte d’Ivoire : Ces leaders qui vont compter après Ouattara Bédié et Gbagbo

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Côte d’Ivoire : Ces leaders qui vont compter après Ouattara Bédié et Gbagbo

09 déc 2020 - 11:33

Regard Citoyens
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Réélu dans des conditions controversées, Alassane Ouattara sera investi pour un troisième mandat le 14 décembre prochain. Si la fin de ce nouveau bail semble loin, la Côte d’Ivoire devrait assister à l’émergence de nouveau leaders politiques. Observateur Citoyen évoque pour vous quelques-uns d’entre eux.

Par Antoine Kobena

Hamed Bakayoko

Actuel Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko apparait aujourd’hui comme le favori pour prendre le leadership au sein du RHDP. « Hambak » est devenu au fil du temps un élément incontournable dans le dispositif d’Alassane Ouattara. Ministre de l’Intérieur, ministre de la Défense puis Premier ministre, celui qu’on surnomme également le Golden Boy peut légitimement prétendre à la magistrature suprême en 2025. Fidèle d’Alassane Ouattara, il peut également compter sur ses réseaux notamment au sein de la franc-maçonnerie dont il préside la Grande loge de Côte d’Ivoire.

Hamed Bakayoko présente également l’avantage d’avoir bonne presse auprès de nombreux opposants. Cependant, ses détracteurs brandissent souvent son parcours universitaire qu’on pourrait qualifier de faible. Il faut dire que le maire d’Abobo ne compte pour l’heure aucun diplôme d’études supérieures dans son CV.

Cette situation pourrait être un handicap pour lui en 2025 dans la perspective d’une candidature à la présidentielle. L’association de son nom au trafic de drogue dans un article de Vice Media est aussi un boulet que pourrait trainer l’homme de 55 ans.

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Tidjane Thiam

Cadre de la finance international, Tidjane Thiam a un parcours qui fait rêver. Il faut dire que l’ivoirien aujourd’hui âgé de 58 ans est présenté comme un modèle pour la jeunesse. Et, cet atout pourrait être décisif pour le polytechnicien dans un pays où on semble à la recherche d’exemples de réussite. Ancien ministre d’Henri Konan Bédié, Tidjane Thiam est issu de la famille Houphouët-Boigny. En dépit de son patronyme à consonance sénégalaise, il pourrait de ce fait bénéficier du soutien de l’électorat traditionnel du PDCI-RDA dans l’optique d’une candidature en 2025. Brillant cadre, il parait loin de la politique politicienne que rejettent une grande partie des jeunes ivoiriens.

Mais, Tidjane Thiam apparait comme loin du peuple ivoirien. Depuis 2000, date de son départ de la Côte d’Ivoire après le putsch de 1999, il s’est tenu loin de son pays. « Il n’a même pas de maison à Abidjan. On ne peut pas devenir président ainsi », regrettait un de ses proches en juillet 2020. De plus, il lui sera difficile de bénéficier du soutien du PDCI-RDA qu’il n’a jamais fréquenté durant ses années.

Guillaume Soro

Son parcours politique commencé très tôt donne l’impression qu’il fait partie de la vielle garde. Et pourtant, Guillaume Soro n’aura « que » 53 ans en 2025. Tour à tour chef rebelle, ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, l’ancien leader de la FESCI a démontré qu’il sait être un leader charismatique. En disgrâce auprès du pouvoir d’Abidjan, Guillaume Soro compte cependant beaucoup d’amitiés au sein du RHDP, relations sur lesquelles il pourrait s’appuyer dans 5 ans.

De plus, le natif de Kofiplé dans le nord de la Côte d’Ivoire est parvenu à polir l’image du rebelle qu’il avait. Bon nombre de nouveaux majeurs qui n’ont pas véritablement connu l’épisode de 2002 lui sont fidèles.

Mais, Guillaume Soro a un gros handicap : Sa rivalité avec Alassane Ouattara. Loin du pays depuis plus d’un an, il pourrait encore perdre de l’influence pendant les prochaines années du fait notamment de sa condamnation qui l’empêche de rentrer en Côte d’Ivoire. De plus, si Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié parviennent à s’entendre sur un minimum, il pourrait se retrouver isoler au sein même de l’opposition ou ceux qu’on appelle les « Gbagbo ou rien » n’ont pas encore oublié qu’il était leur farouche adversaire en 2002, 2010 et même jusqu’à 2015.

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Pascal Affi N’Guessan

Actuellement en détention, Pascal Affi N’Guessan reste clairement une figure politique avec laquelle il faudra compter dans « l’après trois grands ». Moins jeune (il est âgé aujourd’hui de 67 ans), l’ingénieur Télécom s’est imposé en quelques semaines comme un véritable leader au sein de l’opposition dont il était rapidement devenu le porte-voix. Habitué à l’adversité qu’il ne fuit pas, Pascal Affi N’Guessan est ainsi remonté dans l’estime d’une bonne partie des militants de l’opposition.

Certains journaux pro-Gbagbo qui le vouaient aux gémonies n’hésitaient pas à le mettre en Une avec des commentaires élogieux. Dans un parti divisé où des cadres comme Assoa Adou ou encore Hubert Oulaye manquent clairement de leadership, il apparait comme une alternative crédible pour l’après-Gbagbo.

Mais, tout n’est pas oublié au sein du FPI. Affi N’Guessan ne semble toujours pas avoir la confiance de Laurent Gbagbo et cela pourrait énormément peser dans la balance au moment où un retour de l’ancien chef d’Etat se précise. Surtout que Laurent Gbagbo pourrait mettre en avant des cadres tels que Justin Koné Katinan ou Ahoua Don Mello dont il est plus proche pour relancer la machine FPI.

Charles Blé Goudé

Comme Guillaume Soro, c’est un ancien leader estudiantin. Et, comme l’ex-chef du parlement ivoirien, il a la côte auprès de nombreux jeunes. Alors qu’il pourrait rentrer au pays quasiment dans les bagages de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé a profité de son passage à la Cour pénale internationale pour se bâtir une image. Finie l’époque de la fougue du « général de la rue ». Le dernier ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo adopte désormais un ton plus conciliant. Celui qui s’habille désormais en costumes sur mesure, reçoit à La Haye et se bâtit progressivement une réputation de leader politique.

Indépendant vis-à-vis du FPI, il a donc la latitude d’évoluer sans donner l’impression de « trahir le père » comme c’est le cas pour Guillaume Soro. De plus, sa victoire face à Fatou Bensouda a renforcé l’image du combattant que beaucoup de jeunes ont encore de lui.

Mais, Charles Blé Goudé a aussi ses faiblesses. Contrairement à Guillaume Soro qui du fait de ses fonctions a pu se bâtir une carrure d’homme d’Etat, le leader du COJEP reste toujours associé aux mouvements pro-Gbagbo dans l’imaginaire et beaucoup ne le voient pas « grandir ». En outre, la majorité de ses partisans se compte parmi ceux de Laurent Gbagbo et dans cette situation, il reste fortement lié à l’ancien chef d’Etat qui n’a pas encore évoqué une retraite politique.

A cette short-list, on pourrait ajouter pour le compte du RHDP les ministres Patrick Achi et Touré Mamadou au PDCI, Thierry Tanoh et Jean-Louis Billon quand au FPI des noms comme Koné Katinan, Ahoua Don Mello ou même Simone Gbagbo peuvent émerger.

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