Retour de Gbagbo : Abobo ne change rien à ses habitudes

La commune d’Abobo, réputée fief d'Alassane Ouattara, et très souvent opposée dans les médias à Laurent Gbagbo, a vécu à sa façon, le retour de l'ex-président ivoirien à Abidjan, ce jeudi 17 juin 2021. Quelle était l'ambiance dans cette commune? Reportage.

Par Daniel Coulibaly et Arsène Konan

Abobo n’a pas changé ses habitudes le jeudi 17 juin 2021, jour du retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. De 10 heures aux environs de 16 heures 30(heure d’arrivée de l’ancien président) : aucune action particulière n’a été observée dans la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire. Le ballet incessant des ‘’Gbakas’’, motos, véhicules personnels, bus et autres véhicules de transport en commun était finalement la seule attraction dans la cité. Du carrefour N’Dotré en passant par le quartier PK 18, le carrefour Anyama, la gendarmerie, Carrefour Banco, Abobo Baoulé, Samaké jusqu’’au rond-point, l’ambiance était habituelle.

Au rond-point, juste devant la mairie, où très généralement les manifestations se déroulent, il n’y avait pas d’ambiance inhabituelle. Elle était plutôt bon enfant. Les occupants naturels des lieux étaient bien là. Il s’agit des vendeurs ambulants, des mendiants, des petits cireurs de chaussures et la police municipale. On pouvait seulement remarquer la présence d’unités de la police nationale. Ces policiers très certainement déployés pour prévenir d’éventuels manifestations semblaient s’ennuyer. Pendant que certains étaient dans les véhicules occupés à échanger, d’autres étaient couchés ou assis sur les barrières de protection en béton du rond-point, ou faisaient les cent pas.  

Lire aussi: Retour de l'ex-président : Comment "Yopougon de Gbagbo" a vécu l’évènement

En face du rond-point, se trouve le musée Adama Toungara. Là, les uns et les autres s’affairaient à gagner leur pitance quotidienne. Le petit marché situé à quelques mètres refusait du monde. A l’opposé, aux alentours de la mairie les commerces étaient ouverts.

Les populations d’Abobo étaient plus ou moins intéressées par autre chose que l'arrivée de l'ancien président ivoirien en terre natale. C’est une première quand on sait que la commune a très souvent manifesté son mécontentement à l’égard de l’ex-prisonnier de La Haye. A plus forte raison son retour au pays, dix ans après. Mais ceci pourrait se comprendre.

« Ce n'est pas un événement pour nous », avait déjà lancé le directeur exécutif du RHDP, parti au pouvoir, Adama Bictogo, à 24 heures de l’arrivée de l’ex-président ivoirien. Il s’exprimait à l’occasion d’une réunion de son parti sur la question, le mercredi 16 juin 2021.

Dans une vidéo relayée en boucle sur les réseaux sociaux, la députée de Tengrela, Mariam Traoré, a indiqué que ceux de son camp qui s’opposaient à l’arrivée de Laurent Gbagbo devraient mettre fin à leurs actions, car le président Ouattara avait déjà acté ce retour.

Toutes ces déclarations expliqueraient, peut-être, ce calme qu’il y a eu à Abobo, et surtout l’inaction d’Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes en Côte d'Ivoire (CVCI) et ses camarades qui ont manifesté durant une semaine dans la ville d'Abidjan contre ce retour. Il avait promis être à l’aéroport ce jeudi 17 juin 2O21 pour s’opposer au retour du fils de Mama.   

On retiendra simplement que ce jeudi 17 juin 2021, il n'y a eu aucune manifestation contre l'arrivée de Laurent Gbagbo, en terre natale, à Abobo. En tout cas, ses partisans résidants dans cette commune ont dû contenir leur joie, contrairement à ceux de plusieurs autres communes qui ont laissé bruyamment éclaté leur joie.