09 avr 2021 - 16:20
Par Gnamien Attoubré
L’élection présidentielle d’octobre 2010 s’est soldée par une grave crise qui a couté officiellement la vie à plus de 3 mille personnes. Ainsi, l’un des défis les plus pressants du pouvoir Ouattara dès son installation était le chantier de la réconciliation. Pour y parvenir, le pouvoir a choisi la logique de « ni vengeance, ni impunité ».
Dans ce cadre, des procès ont eu lieu afin de faire la lumière sur ces événements tragiques. Ainsi, les victimes ont fondé un réel espoir quant au procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui s’est ouvert devant la Cour Pénale Internationale (CPI).
Après une décennie de débats, les deux prévenus ont été acquittés. Cette décision confirmée par la chambre d’appel de la CPI le 31 mars dernier soulève une observation principale : Qui sont les coupables ?
Cette question restera probablement sans réponse. D’autant plus que la justice ivoirienne peine à situer les responsabilités du camp Ouattara. Les victimes, très certainement seront les plus grands perdants de cette affaire. Car au final, en plus d’avoir perdu la vie, un membre, un parent ou des biens, elles n’auront pas de réponses quant à l’identité des responsables. Il y a eu donc victimes sans bourreaux.
Un processus d’indemnisation peu transparent
Le processus d’indemnisation quant à lui qui devrait permettre de soulager quelque peu les victimes est conduit avec très peu de succès.
En effet, le travail de l’identification des victimes a été confié à la CONARIV. L’archevêque de Bouaké, Monseigneur Ahouanan, président cette institution a affirmé le 19 avril 2016, que sur 874.056 dossiers réceptionnés, seuls 316 954 ont été validés soit 36%. Ainsi, des milliers de personnes ont été exclus des fichiers souvent pour des problèmes administratifs. Le processus d’indemnisation lancé a lui aussi du mal à fonctionner correctement.
En effet, c’est en 2015 que le gouvernement a mis en place un fond de 10 milliards de francs CFA en vue de l’indemnisation des victimes. Seulement, selon la ministre Mariatou Koné, à la date du 3 mai 2018, trois ans après la mise en place de ce fond, seuls 3,8 milliards avaient été distribués à seulement 4500 victimes et ayants droits sur les 316 000 dossiers hérités de la Conariv. Et jusqu’à ce jour un nombre important de victimes n’ont pas été dédommagés.
Entre sentiment d’injustice et le manque de soutien réel du gouvernement, bon nombre de victimes et familles de victimes se sentent abandonnées. Cette décision de la Cour ne devrait pas renforcer leur confiance dans les différentes institutions.
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