22 mar 2022 - 09:16
Par Daniel Coulibaly
On le sait tous, la terre d’Abidjan appartient au peuple Ebrié. L’histoire de ce peuple est directement liée au développement de cette ville. Et Laurent Gbagbo sait comment la ville d’Abidjan a été créée et développée dans les détails.
Dans son adresse au peuple Atchan, il a fait un flash-back sur l’urbanisation de la ville d’Abidjan qui, selon lui, a causé beaucoup de préjudices au peuple Ebrié;
Et il raconte : « C’est en 1930 que le colonisateur, qui voulait construire un port en eaux profondes sur les côtes de la Côte d’Ivoire a découvert le trou sans fond. Un trou pas loin du canal de Vridi. Un trou dont on n’arrive pas à trouver la profondeur. Le capitaine qui était chargé de trouver une localité pour construire le port, parce que pour lui tous les déchets allaient être avalés par ce trou. Et ce trou-là, il se trouvait au bord de la langue Ebrié. Donc en 1930, ils ont décidé de déménager la capitale de Bingerville à Abidjan à cause de ce trou. (…). Une fois Abidjan, ils n’ont pas pensé au peuple qu’ils allaient trouver à Abidjan. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas pensé aux Ebrié. Ils ont pensé à construire leur ville, leur capitale un point et trait. Le premier acte posé a été de récupérer Anoumabo qui était à l’actuelle gare sud de la Sotra. Il a été déplacé vers où se trouve actuellement le siège de la FIF, la CIE. Ainsi, ils ont déplacé Anoumabo. Mais tous les problèmes n’étaient pas réglés.
Le pont qui a été construit, on l’appelait le pont flottant. C’est ce pont qui est le pont Félix Houphouët-Boigny aujourd’hui; Il n’a été un pont fixe qu’à partir de 1958, parce qu’il fallait que les noirs qui travaillent au Plateau où habitaient les blancs rentrent à une certaine heure. Et quand ils rentraient à Treichville, on cassait le pont, et personne ne pouvait passer jusqu’au lendemain (…) Sur Adjamé, il n’y avait pas de lagunes, donc on ne pouvait pas faire un pont flottant. Il y a eu la construction de deux camps militaires dont le camp Gallieni aujourd’hui l’Etat-major. Quand les noirs rentraient à Adjamé, on fermait les routes. Voilà comment la société était organisée. Et ils n’y avaient plus d'Ebrié au Plateau. Plus la ville se développait, plus les Ebrié étaient dépossédés de leur terre.
En 1964, j’étais en Première quand on a construit l’hôtel ivoire sur les terres de blockhaus. Et quand les Ebrié de blockhaus se sont pleins, parce qu’ils y faisaient leur champ comme sur le site du lycée classique ; une autorité de l’époque est allée sur place pour leur dire : " Vous avez encore vos cases et vous vous plaignez ?" J’étais-là, j’ai vu et entendu. On nous demande pourquoi, on a été opposant ? Mais quand tu as vu tout cela. Les Deux-Plateaux n’existaient pas. C’est au moment de la mort de De Gaulle en 1970-1971. (…) Au retour des funérailles de De Gaulle, une route a été ouverte au niveau du carrefour la vie et nous autres jeunes gens ; on allait à pieds au lycée technique. Mais tous les villages ébrié qui y étaient ont eu leur terre récupérée et on a construit ce qu’on a surnommé Cocody les Deux-Plateaux. Entre Cocody et Bingerville, c’était la forêt. C’étaient des plantations qui appartenaient à des personnes ».
Dans l’urbanisation de la ville d’Abidjan, les Ebrié ont été totalement «dépouillés, selon Laurent Gbagbo. Et la solution qu’il avait trouvée quand il est devenu président de la République était de nommer des fils Ebrié à des postes qui pouvaient leur permettre d’essayer de corriger eux-mêmes ce fait.
L’ancien président que cette urbanisation galopante de la ville d’Abidjan a besoin d’être portée en réflexion. Pour cela, le président du Parti des partis africains de Côte d’Ivoire(PA-CI) a demandé aux cadres de son parti avec leur tête Assoa Adou de songer à un colloque sur le développement de la capitale économique ivoirienne.
«Parce que ce qui est arrivé aux Ebrié, il faut que nous veillions à ce que ça n’arrive pas aux autres peuples de Côte d’Ivoire. », s’est-il justifié, indiquant que cela va permettre d’éviter les abus antérieurs, si une autre ville devrait connaitre un tel développement.
«Ce n’est pas un discours politicien que je fais, mais quelque fois je vois des choses que les autres hommes politiciens ne voient pas. Et c’est cela qui est ma difficulté. C’est cela mon drame. Je réfléchis à des choses auxquelles les autres ne réfléchissent pas. Il faut qu’on réfléchisse à ça et qu’on trouve des solutions », a expliqué Laurent Gbagbo.
Réagissez à cet article