Côte d’Ivoire : L’isolement se poursuit pour Guillaume Soro

Engagé dans la vie politique depuis plusieurs décennies, Guillaume Soro a réussi à s’imposer comme un acteur majeur. Si l’arrivée d’Alassane Ouattara semblait représenter pour lui une sorte d’aboutissement, l’ex-rebelle est finalement tombé en disgrâce. Aujourd’hui, coincé en exil, il perd de grands soutiens.

Par Gnamien Attoubré

Guillaume Soro ; ce nom est fortement lié à la politique ivoirienne. S’il a réussi à s’imposer à la FESCI comme un leader né, c’est la rébellion de 2002 qui le révèle à l’ensemble des Ivoiriens. Détesté par les uns, adoubé par les autres, Guillaume Soro a été pendant de longues années un maillon essentiel du système Ouattara.

Il a même partagé l’épisode du « Golf hôtel » avec l’actuel Président. Sa ténacité lui a même valu le titre élogieux de « sauveur ». En un mot, l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara sonnait comme le couronnement d’un combat. Seulement ce qui était bien parti pour être un festin de gloire a viré à une farouche confrontation entre le « père et fils ». Une confrontation sur fond de lutte pour le pouvoir qui a conduit Guillaume Soro, accusé d’avoir ourdi un coup d’Etat, en exil, loin du terrain politique ivoirien.

En effet, depuis décembre 2019 et son retour manqué à Abidjan, Guillaume Soro fait l’objet d’une procédure judiciaire. Depuis son lieu d’exil il a écopé de peines lourdes dans deux procès. En effet, en avril 2020, L'ancien chef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro, a été condamné à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics" et "blanchiment de capitaux" par le tribunal correctionnel d'Abidjan. Le 23 juin. À l’issue d’un autre procès, il est condamné à la prison à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » pour des faits commis fin 2019. Son mouvement politique Génération et Peuples Solidaires (GPS) est dissout par la justice ivoirienne et depuis, l’ancien député de Ferkéssédougou est visé par un mandat d’arrêt international.

Guillaume Soro de plus en plus isolé

Guillaume Soro, l’homme qui, quelques années plutôt avait le vent en poupe est aujourd’hui « persona non grata » en Côte d’Ivoire. En outre, sur le plan diplomatique, il semble en difficulté. On se souvient ainsi qu’Emmanuel Macron dont il se targuait d’avoir le soutien quand Alassane Ouattara aurait les faveurs de Jean-Yves Le Drian lui a demandé de quitter la France. Discret et moins offensif sur les réseaux sociaux depuis, Soro perd également des partisans en Côte d’Ivoire. Après Méité Sindou ou encore Soro Kanigui, c’est aujourd’hui le tour de l’ex-ministre Alain Lobognon, l’un de ses soutiens indéfectibles de se désolidariser de son ancien mentor.

Si à sa sortie de prison, l’ancien Député de Fresco s’était donné pour mission de réconcilier Guillaume Soro et le Président Ouattara, ce projet est de moins en moins évoqué par ce dernier qui n’hésite pas à parler de sa proximité avec le numéro 1 ivoirien.

Les différends entre les deux hommes sont étalés sur la place publique où à coups de publications parfois crues, les partisans de Soro chargent Alain Lobognon qui n’hésite pas à répliquer.

Soro en retard sur « sa génération » ?

Guillaume Soro vit cette situation au moment où le débat sur le changement générationnel bat son plein en Côte d’Ivoire avec l’idée de la réinstauration de la limite d’âge de 75 ans pour l’élection présidentielle. De nombreux acteurs politiques qu’on pourrait qualifier de « jeunes » pointent de plus en plus le nez.

Acquitté suite à son procès, Charles Blé Goudé prépare son retour au bercail. Déjà il sonne la mobilisation. La posture de l’homme modéré qu’il adopte séduit même dans le camp de ses adversaires. « Gbapê » se donne le temps de tisser sa toile pour se lancer véritablement dans la bataille. Par ailleurs, Jean-Louis Billon au PDCI-RDA ne s’en cache plus, il veut être président.

Cependant, Guillaume Soro, ex-Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale peut grâce à son expérience, rattraper assez rapidement son retard. Pourvu qu’il soit en terre ivoirienne et libre d’ici 2025. Mais sur ce point, rien n’est moins sûr.