05 juil 2021 - 11:04
Par Abraham Kouassi
Juin 2012 : Un nouveau cœur pour le ‘’Lion’’
Alors âgé de 53 ans, Amadou Gon Coulibaly a subi à la mi-juin 2012 une transplantation du cœur. A l’époque, l’opération du très discret mais influent Secrétaire général de la présidence de la République n’avait pas fait grand bruit. Sans doute du fait du poste peu médiatique occupé par l’homme. L’intervention a eu lieu à Paris à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Après cet épisode, Amadou Gon Coulibaly ne manquait pas en privé comme en public de remercier Alassane Ouattara qui à l’en croire lui avait « sauvé la vie ». Surnommé le Lion notamment pour son caractère de tribun, Amadou Gon Coulibaly après cette opération s’était mué en un orateur moins tonitruant.
10 janvier 2017 : De l’ombre à la lumière
Discret mais fidèle parmi les fidèles d’Alassane Ouattara, Amadou Gon Coulibaly apparait en pleine lumière le 10 janvier 2017. Il est alors nommé Premier ministre par Alassane Ouattara. Il remplace à ce poste Daniel Kablan Duncan devenu vice-président. Présenté comme un influent homme de l’ombre Amadou Gon Coulibaly voit alors Alassane Ouattara le mettre en avant sur d’importants dossiers de l’Etat. On voit déjà dans l’attitude du chef de l’Etat la volonté de faire du maire de Korhogo son successeur au Palais présidentiel.
Amadou Gon Coulibaly représente son mentor lors des réunions avec les institutions financières et autres partenaires au développement. Il inaugure à tour de bras des infrastructures, lance des travaux… Tout est fait pour l’habiller du costume de chef d’Etat. Cette montée en puissance ne se fait pas choix forts pour Alassane Ouattara qui doit ainsi se séparer de ses alliés Henri Konan Bédié puis Guillaume Soro afin de déblayer la route du palais pour celui qu’il appelle « son fils ». Au sein du RDR devenu RHDP, AGC prend encore plus d’influence tout comme ses proches au sein de l’administration. Le petit-fils de Péléforo Gon Coulibaly semble promis à la magistrature suprême.
13 mars 2020 : Amadou Gon Coulibaly, candidat du RHDP
Le 13 mars 2020, ce qui semblait une évidence devient officiel. Amadou Gon Coulibaly est désigné par Alassane Ouattara, candidat du RHDP à la présidentielle de 2020. Le chef de l’Etat qui avait annoncé une semaine plus tôt devant le Sénat sa volonté de ne pas se représenter fait de son Premier ministre de l’époque le candidat du parti au pouvoir lors d’un Conseil politique au cours duquel il était prévu de statuer sur la date de la Convention du parti. Mais, rapidement, le chef de l’Etat prend le contre-pied de plusieurs de ses alliés et désigne son Premier ministre.
Comme un symbole, c’est Hamed Bakayoko, présenté comme un rival de Gon Coulibaly qui a la charge ce jour-là de « vendre » le choix porté sur celui qui par la force des choses deviendra son prédecesseur à la Primature. « Pour moi, après ADO, c’est Amadou Gon Coulibaly. Je suis persuadé qu’Amadou Gon Coulibaly est le mieux placé pour assurer la relève », avait alors déclaré le défunt proche d’Alassane Ouattara.
Dans la salle, Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI, parti membre du RHDP ne cache pas sa colère lui qui espérait être candidat à la présidentielle. Marcel Amon-Tanoh, ministre et autre proche d’Alassane Ouattara sans doute pour ne pas assister à la scène ne fera pas ce jour le déplacement de l’Hôtel Ivoire. Ce 13 mars marque ainsi la rupture entre le duo Mabri- Amon-Tanoh et Alassane Ouattara. Qu’à cela ne tienne, le chef de l’Etat ivoirien a fait son choix et compte le défendre jusqu’au bout.
2 mai 2020 : Ce cœur qui fragilise les ambitions
Quasiment un mois après désignation en tant que candidat du RHDP, Amadou Gon Coulibaly victime une nouvelle fois de problèmes cardiaques est évacué en France. Rapidement les rumeurs les plus folles courent sur la santé du Premier ministre-candidat. Le communiqué officiel parle d’une coronarographie suivie d’un repos médical mais, plusieurs informations persistent sur le caractère alarmant de la santé du « Lion ». Finalement, il fera sa première apparition le 12 mai 2021 à l’occasion d’une visio-conférence avec Alassane Ouattara.
« Au programme c’est du repos et de l’exercice », précise un Amadou Gon Coulibaly qui affiche une mine détendue. Il rentrera finalement en Côte d’Ivoire le 2 juillet 2021 soit, deux mois jour pour jour après son évacuation pour Paris. A l’aéroport, il se fend devant les caméras d’un émouvant « monsieur le président, je vous aime » à l’endroit d’Alassane Ouattara auprès duquel il dit « être revenu prendre sa place pour poursuivre l’œuvre de développement de la Côte d’Ivoire ».
8 juillet 2020 : Le drame
Une semaine après son retour, Amadou Gon Coulibaly tout sourire retrouve le palais présidentiel pour un Conseil des ministres. Ce mercredi 8 juillet 2020, c’est tout sourire que le Premier ministre arrive au palais présidentiel situé à quelques mètres de la Primature. Le personnel dresse alors une haie d’honneur pour le saluer. Covid-19 oblige, Amadou Gon Coulibaly porte un masque et se contente de saluer à distance le personnel visiblement heureux de le retrouver.
Ce sera la dernière fois pour le bras d’Alassane Ouattara d’apparaitre à l’entrée de la salle du Conseil. De fait, alors que la réunion traditionnelle tire à sa fin, Amadou Gon Coulibaly montre les signes d’un malaise. Rapidement informé de la situation, le président ivoirien interrompt la réunion et fait conduire son Premier ministre dans son bureau. Evacué ensuite à la Polyclinique Sainte Anne-Marie (PISAM), Amadou Gon Coulibaly décède des suites de cet autre malaise cardiaque.
A Abidjan, la nouvelle inonde les réseaux sociaux comme une trainée de poudre. En début de soirée, Patrick Achi, Secrétaire général de la présidence apparait sur les antennes de la télévision nationale pour lire un message d’Alassane Ouattara, c’est officiel : Amadou Gon Coulibaly n’est plus. A 61 ans, il s’est éteint à quelques mois de son rêve de magistrature suprême…
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