14 juin 2021 - 11:11
Source : COVICI
Dans le cadre des poursuites judiciaires en lien avec la crise post-électorale de 2010, Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir commis des crimes contre l’humanité, et présentés à la Cour Pénale Internationale.
Le procès s’est ouvert le 28 janvier 2016.
Le 15 janvier 2019, la chambre de première instance de la Cour Pénale internationale a à la majorité, acquitté Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé de toutes les charges de crime contre l’humanité perpétrés en Côte d’Ivoire lors de la crise post-électorale de 2010.
Face à cette décision de la chambre de première instance, La procureure Mme Fatou Bensouda avait fait appel du jugement.
Mais Le 31 Mars 2021, les juges de la chambre d’appel ont à la majorité, confirmé la décision d’acquittement du 15 janvier 2019.
Dans son arrêt, la chambre d’appel a mis fin à toutes les conditions sur la mise en liberté de Messieurs Gbagbo et Blé Goudé et a chargé le Greffier de la Cour pénale internationale de prendre les dispositions nécessaires pour le transfert en toute sécurité de ces personnes vers des pays d’accueils de leur convenance y compris la Côte d’Ivoire.
Le 7 Avril 2021, prenant acte de la décision de la Cour Pénale Internationale, le Président de la République Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara a déclaré que MM. Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont libres de rentrer en Côte d'Ivoire quand ils le souhaitent
C'est ainsi que, le 31 Mai dernier, le Secrétaire général du parti politique créé par Monsieur Laurent Gbagbo a annoncé son arrivée en Côte d’Ivoire pour le 17 Juin 2021.
Cette information sur le retour de Monsieur Laurent Gbagbo a suscité beaucoup de commentaires et parfois des manifestations hostiles, faisant planer des risques de débordement et de violence autour de cet évènement.
Face à cette situation, La Confédération des Organisations de Victimes des Crises Ivoiriennes (C.O.VI.C.I), en tant que locomotive des organisations de victimes des crises Ivoiriennes, et promoteur de la paix, de la non-violence et partisan de la justice équitable, ne pouvait rester sans réagir.
La COVICI rappelle aux uns et aux autres que dès la fin de la guerre en 2011, la Côte d’Ivoire s’est engagée dans un processus de Justice Transitionnelle dont l'un des piliers forts demeure la répression pénale des crimes commis. Ce pilier rappelle l'obligation de l’Etat à mener des enquêtes judiciaires sur les violations des droits des victimes. Ces enquêtes visent à identifier, poursuivre et punir les personnes responsables de ces violations et à lutter contre l'impunité.
Pour y parvenir, l’Etat a activé d’une part les tribunaux nationaux et d’autre part la Cour Pénale Internationale.
Le bilan partiel de ces efforts, nous force à reconnaître qu’en dépit de tout ce qui est fait, les droits des victimes ivoiriennes restent partiellement satisfaits.
Les victimes des crises Ivoiriennes n’ont pas encore bénéficié des avantages que pourraient procurer une justice dans un contexte post-conflit violent avec des conséquences individuelles et collectives aussi graves.
Pourtant, cette situation n’a à aucun moment effrité la confiance de la C.O.VI.C.I en la justice en général et en la cour pénale internationale en particulier.
Cette justice internationale qui, à deux reprises, vient d'acquitter MM. Laurent Gbagbo et Blé Goudé
Malheureusement, certaines victimes pâtiront de cette décision et cela est vraiment dommage. Mais cette décision semble s'appliquer au regard des principes d'impartialité et d'égalité de tous devant la loi que requiert la justice.
Car pour la C.O.VI.C.I, la justice est et demeure un rempart qui garantit les droits et les devoirs de chacun, la protection des plus faibles, y compris les victimes. Elle est aussi et surtout un instrument de promotion de la vérité qui devrait mettre fin aux conflits et ouvrir la voie au vivre ensemble, à la Paix et à la stabilité, une atmosphère nécessaire pour la réparation effective des victimes des crises survenues
Au total, la C.O.VI.C.I ne trouve aucun inconvénient au retour de Monsieur Laurent Gbagbo dans son pays.
La COVICI souhaite par contre que ce retour contribue à la décrispation et à la réconciliation nationale ; Car aucune raison ne doit justifier les violations graves des droits de l’Homme régulièrement perpétrées en Côte d’Ivoire depuis deux décennies.
C’est pourquoi la COVICI fait les recommandations suivantes ;
Fait à Abidjan le 13 Juin 2021
LE PRESIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. KANTE LASSINA
Réagissez à cet article