16 déc 2020 - 12:22
Par Joackim Attoubré
La crise post-électorale de 2010 a fait officiellement 3000 morts. Cependant depuis la fin de cette crise, le gouvernement du président Alassane Ouattara a choisi de commémorer le « décès » des 7 femmes d’Abobo.
Cette commémoration sélective des victimes a été fortement décriée par des organisations de la société civile ivoirienne ainsi que des observateurs de la vie politique ivoirienne qui ont estimé que cette catégorisation des victimes est contre-productive pour la cohésion sociale. Car, elle ignore le sort des autres victimes.
Après 9 ans de commémoration des « bonnes » victimes, le gouvernement a décidé de revoir sa copie. Ainsi, le 3 mars 2020, la ministre de solidarité, la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté Mariatou Koné a annoncé l’instauration d’une « d’une journée nationale du pardon et du souvenir en hommage à toutes les victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire ». Cette commémoration doit se tenir le 16 décembre de chaque année.
Une date problématique à revoir
Si l’intention derrière cette initiative c’est d’inviter tous les ivoiriens à se souvenir des victimes et affronter cette histoire triste pour repenser les blessures, la date doit elle-même doit pouvoir réunir les populations.
Or la date du 16 décembre n’a pas la même portée symbolique pour tous les ivoiriens. En effet, le fait marquant de cette date est la marche des partisans du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (coalition au pouvoir) sur la radio-télévision ivoirienne en décembre 2010 dans le cadre de la crise poste électorale. Une marche qui a causé des morts. En prenant cette date, le gouvernement confirme sa démarche sélective des victimes. Ainsi, cette commémoration risque plutôt de diviser les ivoiriens que de les unir autour d’un idéal commun. Mais de toute façon les autorités ivoiriennes ont royalement ignoré cette date.
Le pouvoir est-il mal à l’aise avec son initiative ?
Quoique le choix de la date reste problématique, l’annonce du ministre avait été saluée par nombre de personnes. Car c’était déjà un bon « petit pas » vers la considération de « toutes les victimes » par le gouvernement.
Alors que les Ivoiriens s’attendaient à des actions dans ce sens ce mercredi 16 décembre 2020, le gouvernement a royalement ignoré la date. Aucune rencontre officielle ou initiative quelconque n’a été annoncée. Ce silence est-il un oubli ? Difficile de le concevoir surtout qu’il s’agit de plusieurs milliers de victimes.
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