Politique nationale : L’opposition ivoirienne et le défi de l’unité

Soudés autour d’Henri Konan Bédié avant la présidentielle d’octobre 2020, les opposants à Alassane Ouattara vont tenter de maintenir cette cohésion en vue d’obtenir des résultats face au chef de l’Etat. Cependant, la tâche s’annonce compliquée.

Par Antoine Kobena

Plus de deux semaines après la présidentielle du 31 octobre 2020, il semble acquis que l’opposition ivoirienne ne parviendra pas à atteindre son objectif principal à savoir empêcher Alassane Ouattara de briguer un 3^e mandat. Cependant, les opposants au chef de l’Etat qui n’a pas encore prêté serment sont parvenus à obtenir de lui qu’il entame des négociations.

Ainsi, le 11 novembre dernier, le président ivoirien a rencontré Henri Konan Bédié pour « briser la glace ».  D’autres rencontres devraient suivre ce raout qui a contribué, il faut le dire à ramener le calme dans le pays. Entre temps, l’opposition qui n’a pas renoncé à ses appels à la désobéissance civile doit faire face à des adversités internes.

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Entre suspicions de trahison et agendas cachés, Henri Konan Bédié qui espère être le leader de cette opposition a désormais fort à faire. Déjà, au sein du PDCI-RDA, plusieurs informations font état de dissensions entre certains cadres sur la conduite à tenir face au chef de l’Etat. Nos sources proches du parti fondé par Houphouët-Boigny informent également de ce qu’il serait reproché à certains cadres de ne pas en faire suffisamment en faveur de la libération des membres de la direction du parti actuellement en prison. 

« Beaucoup ont aujourd’hui oublié Guikahué. En réalité, ils jouent leur propre carte », assure notre source. Le chef de l’Etat qui a convié uniquement Henri Konan Bédié à un dialogue espère voir l’unité de ses opposants voler en éclats.

Lors de la réunion du Conseil politique de son parti le 17 novembre dans le très chic Sofitel Hôtel Ivoire, le numéro 1 ivoirien a envoyé un message à Henri Konan Bédié en rappelant notamment que Laurent Gbagbo, actuel allié de ce dernier était leur adversaire commun lors de la terrible crise de 2010-2011.

« Le Golf hôtel, c'est tout un symbole et j'ai eu à le rappeler au président Bédié. Nous avons été enfermés pendant 4 mois et demi. Je lui ai dit mais président qui nous avait enfermés ici pendant 4 mois et demi ? », a déclaré Alassane Ouattara qui revenait sur le choix du Golf hôtel pour sa rencontre avec Henri Konan Bédié.

Le CNT en difficulté

Embourbé dans un scénario de transition qui apparait comme mal ficelé, l’opposition a fait face à ce qu’on pourrait qualifier de première défection. Il s’agit de Marcel Amon Tanoh. L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Alassane Ouattara a critiqué la mise en place de cette structure avant de s’en désolidariser. Le CNT, faut-il le rappeler n’a pas l’assentiment des institutions internationales. On se souvient que l’ambassadeur de l’Union européenne avait demandé à l’opposition ivoirienne de surseoir à la création de « structures parallèles ».

Ces dernières heures, un autre épisode au sein de l’opposition a suscité des commentaires. Il s’agit de la sortie de Gnamien Konan sur l’ancien ministre Tidjane Thiam. « Et arrêtez votre affaire de Tidjane par-ci, Thiam par-là.  Dieu nous a donné 32,2 millions d’ha de terre fertile gorgée d’or. Au lieu trouver parmi nous un homme intègre qui a prouvé qu’il aime ce pays, vous préférez les imposteurs et les escrocs.  Et si le Messi ne vient pas? », a tweeté l’ancien allié d’Alassane Ouattara qui face aux réactions a tenté de repréciser sa pensée : « Mon dernier tweet en baoulé facile: Arrêtez d’attendre Thiam comme un messie qui tarde à venir et allez faire des champs de riz ( le marché national est de 500 milliards), de l’élevage etc... au lieu de marmailler derrière des politiciens véreux. Ça ne buzz pas? Désolé! ».

Alors qu’un retour de Laurent Gbagbo est évoqué, il parait difficile de dire aujourd’hui le visage qu’aura l’opposition ivoirienne dans les prochaines semaines.