Yamoussoukro: La capitale oubliée

Yamoussoukro est la capitale politique de la Côte d’Ivoire depuis mars 1983. Au cours des années 80, Houphouët-Boigny profite du « miracle économique » pour y construire de grands édifices tels que la basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro, la Fondation pour la recherche de la paix, ou l’Hôtel Président. Cependant, malgré son statut de capitale, la cité peine à prendre son envol.

Par Kouassi Sarah

Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire est l’une des villes du pays qui a été le plus chérie par le président Houphouët-Boigny en ce sens qu’elle était également sa ville d’origine.  Son objectif était de faire de la cité l’une des villes les plus modernes et les plus développées d’Afrique.

Le premier président ivoirien y a fait construire plusieurs infrastructures majestueuses. Des larges routes, la grande mosquée de Yamoussoukro, la basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro, le palais présidentiel, la fondation Felix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix…

Cependant, depuis plusieurs années, la capitale politique fait face à véritable un vieillissement de ses infrastructures et un délaissement de l’Etat ivoirien.

Les larges routes de la ville sont mal entretenues et sont parsemées d’importants nids de poules. A Yamoussoukro, vous ne trouverez que peu panneaux de signalisation. Les marquages au sol sont quant à eux invisibles.

Le code de la route n’est respecté que par une minorité et cela entraine de nombreux accidents. « Ici, il y a beaucoup d’accidents. Les routes sont grandes donc plusieurs s’adonnent à des excès de vitesse. Les conducteurs de ‘’taxis motos’’ ne portent pas de casques et beaucoup meurent du fait du mauvais état des routes. », explique Franck K, habitant de Yamoussoukro.

Dans le quartier Dioulakro, se situe la plus grande mosquée de la ville. Avec ses 5 tours, ce bel édifice a une architecture différente des mosquées d’autrefois. A croire que Felix Houphouët-Boigny était en avance sur son temps. Toutefois, elle a perdu de sa belle allure, ses murs sont défraichis ; elle a perdu l’éclat de ces couleurs. On peut y apercevoir des bâtiments inachevés et d’autres en pleine construction.

La mosquée de Dioulakro n’est pas la seule à avoir perdu ses couleurs. L’Hôtel Président de Yamoussoukro est un hôtel étoilé, bâti dans un parc fleuri de 25 hectares, à 1 km du centre-ville et à 14 km de l’aéroport. L’établissement a aussi perdu de  son luxe et par la même occasion une partie de sa clientèle. Il faut cependant noter que ces dernières années, la Société de développement de Tourisme a initié des actions pour relancer cet hôtel mythique.

Le transfert effectif de la capitale, espoir de Yamoussoukro ?

Dans certains quartiers un spectacle encore moins glorieux s’offre au visiteur. Des habitations mal entretenues, le bitume inexistant, des caniveaux ouverts. C’est dans cette ambiance de précarité qu’une partie de la population de la capitale politique vit.

A la question de savoir la politique que l’Etat Ivoirien devrait adopter pour la renaissance de Yamoussoukro, Konan K, élève dans un collège de la ville propose une délocalisation dans la ville d’une partie de l’administration. 

« Certains ministères doivent être délogés d’Abidjan pour Yamoussoukro. Tout est concentré sur Abidjan. Des quartiers de la ville comme ‘’Belleville’’ n’ont même pas d’eau et d’électricité souvent. Nous voulons aussi des parcs d’attractions, un zoo et des grandes surfaces à Yamoussoukro », souhaite le lycéen.

Seules les infrastructures classées sous le patrimoine de l’Unesco tel que la basilique Notre Dame de la Paix et la fondation Felix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix et le palais présidentiel ont gardé leur splendeur.

Au moment où Abidjan semble de plus en plus étroite, Yamoussoukro est une option à laquelle les gouvernants doivent penser.