Sylvain Debailly (journaliste) : "Gbagbo et Blé Goudé méritent qu'on leur rende leur liberté

Quelques heures avant l’importante décision de la Cour pénale internationale (CPI) dans l’affaire Gbagbo-Blé Goudé, Sylvain Débailly journaliste à connectionivoirienne.net, se prononce sur le déroulement du procès et l'arrêt du 31 mars prochain sur l'appel du procureur contre la décision de l'acquittement de l'ex-président ivoirien et son ancien ministre de la Jeunesse.

Entretien réalisé par Daniel Coulibaly

 

10 ans après la crise, pensez-vous que les transferts de Laurent Gbagbo en 2011 et Blé Goudé en 2014  étaient les meilleures options ?

 

Malheureusement 2011 est loin derrière nous et la question ne se pose plus en ces termes. Gbagbo et Blé Goudé ont été transférés à la Cour pénale internationale, ils ont été jugés et l'histoire retiendra qu'ils ont été acquittés en première instance. En 2011, la situation du pays était incertaine tout comme les décisions des nouvelles autorités. Ouattara a décidé en dernier ressort et cela était inédit pour la Côte d'Ivoire.

 

Qu'est-ce qui vous a marqué durant ce procès ?

 

Le fait le plus marquant pour moi aura été l'arrêt du procès à mi-chemin. C'était quand même assez rare devant une juridiction comme la Cpi. Alors que la défense n'a pas présenté ses témoins, le juge a estimé qu'il était possible de rendre une décision sur la base des témoins de l'accusation. Rappelons aussi que ces témoins ont été réduits et certains témoins ont été pratiquement chassés du prétoire par le juge. Étonnant !

 

Le 31 mars prochain, la CPI donnera l'arrêt sur l'appel du procureur contre la décision de l'acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ceci pourrait marquer la fin ou la poursuite du procès. Qu'attendez-vous de  cette décision ?

 

J'attends de cette décision qu'elle conforte la décision rendue en première instance. Deux juges sur trois ne peuvent pas se tromper comme dans une prestation théâtrale. C'est en connaissance de cause et en toute souveraineté qu'ils ont dit le droit.

Et il faut qu'on s'en tienne au droit. Les prévenus Gbagbo et Blé Goudé méritent qu'on leur rende leur liberté. Ce n'est pas leur faute. La faute est au procureur qui a louvoyé avec les enquêtes.