01 avr 2021 - 08:25
Retranscrit par Daniel Coulibaly
Que dites-vous face à la détermination des partisans de Laurent Gbagbo qui sont restés debout jusqu’à la fin du procès, et de tous ceux qui sont même allés en prison à cause de lui ?
Je me dis que c’est un peuple bon, fidèle qui mérite qu’on se batte pour lui. Il sait également reconnaître, se tenir aux côtés de ceux qui se battent pour lui. Et cela est formidable. Vous savez, le combat n’est pas encore terminé ; parce qu’on a encore de nombreux Ivoiriens qui sont encore en exil, en prison depuis le 11 avril 2011. Il y en a qui ont perdu la vie en prison, ceux qui ont perdu leurs enfants, leurs épouses pendant qu’ils sont en prison. Le combat continue, il n’est pas terminé; mais aujourd’hui nous faisons une pose pour manifester de la joie, du bonheur.
La Cour pénale internationale s’est montrée d’une certaine façon comme le bourreau de Laurent Gbagbo. Les juges de la CPI avaient demandé à Fatou Bensouda de requalifier les charges en précisant que les éléments étaient très très légers pour soutenir ses accusations. Mais elle s’est entêtée en allant jusqu’au bout jusqu’à faire appel de l’acquittement qui a été rendu en Première instance. Aujourd’hui, quand vous regardez la procureure, quel ressenti ?
Vous savez, la Procureure Bensouda n’aurait jamais dû s’engager dans ce procès-là ; et malheureusement, c’est une tâche qui va rester graver dans sa vie, son histoire, sur sa destinée et c’est dommage. Ou alors, si elle voulait faire un procès; elle aurait dû prendre le temps pour chercher qui sont les vrais coupables. Qu’est-ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire ? Et à qui on doit faire des reproches.
Elle n’a pas voulu le faire. Maintes fois, on le lui a rappelé; elle n’a pas voulu le faire. Aujourd’hui, elle voit la honte. Mais c’est ce qui arrive à toutes les personnes qui s’engagent dans un problème, sans prendre le temps d’analyser tous les contours; avant d’agir. C’est dommage pour elle.
Quand on regarde les grands blocages à la Cour pénale internationale, il y a certes la Procureure, mais il y a eu aussi le pouvoir d’Abidjan qui n’a pas toujours encouragé un déroulement rapide de cette affaire. Quel regard sur tout cela, aujourd’hui que tout est terminé ?
J’ai trouvé la Cour pénale internationale dans ce procès-ci très mal placée; parce que mal documentée pour traiter un dossier qui était extrêmement grave. Voici un pays souverain, un pays indépendant qui organise des élections au bout de 10 ans d’attente, à la suite d’une rébellion qui a tout détruit; les résultats sont déformés par des institutions qui en réalité n’ont rien à voir avec ces élections-là. Parce qu’elles ont décidé de placer quelqu’un qu’elles soutiennent à la tête d’un Etat ; et la CPI vient se mêler de ce débat-là ; et au lieu de rendre justice, elle se met à arrêter ceux qui étaient en train de se battre pour le respect des droits. La justice immanente finie par intervenir et c’est ce que nous avons vécu. Et cela disqualifie totalement la CPI. Aujourd’hui, heureusement le juge Curno Tarfusser a eu le courage de dire le droit de dire la vérité, et le président de la Cour d’appel a eu la force et le courage de le suivre dans la décision qui a été prise.
Mais, on aurait pu économiser ces dix années-là. On aurait pu utiliser cet instrument-là pour dire le droit et donner de l’espoir à ceux qui sont piétinés dans leur nation, vilipendés à tort dans leur nation. On a voulu faire la raison du plus fort ; de celui qui vient avec des armes pour s’imposer aux autres. Heureusement grâce aux médias et réseaux sociaux, on a pu faire triompher la vérité, le droit. Nous aurions été 1950 ou 1960, Laurent Gbagbo aurait été condamné.
Laurent Gbagbo est acquitté. On se demande qui est donc responsable des 3000 morts ? Est-ce que ce souci de vérité et avec le retour de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne va pas entacher cette réconciliation nationale ?
Je pense qu’il est absolument indispensable de réaliser la réconciliation nationale. La réconciliation nationale est un fait qu’on ne peut pas économiser. On ne peut pas se permettre le luxe de rater la réconciliation nationale. Mais, elle n’a pas pu se faire, parce que ceux qui sont là n’avaient pas intérêt qu’elle se fasse.
Aujourd’hui, je pense que le chemin est ouvert grandement. Le retour du président Gbagbo va sûrement aider à la réalisation de cette réconciliation. Parce que ni Laurent Gbagbo ni moi ni bien d’autres personnes qui ont subi les foudres de la crise n’avons intérêt à ce que la réconciliation ne se fasse pas. Que les populations s’acceptent de nouveau et que nous recommencions à vivre ensemble. Évidemment dans la réparation de toutes les injustices et la restitution de tout ce qui a été pillé et volé… Le retour du président Laurent Gbagbo va apporter un grand plus à cet effort de réconciliation.
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