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Révélations sur la «mafia» qui opère dans l’industrie forestière ivoirienne

Ça se passe en Côte d’Ivoire, Economie, Société
Révélations sur la «mafia» qui opère dans l’industrie forestière ivoirienne

12 nov 2021 - 10:30

Regard Citoyens
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En dépit d’une perte importante de son couvert forestier, la Côte d’Ivoire possède une industrie forestière toujours attractive. Et comme tout secteur porteur, elle n’échappe pas aux pratiques malsaines.

Par Antoine Kobenan

Quand il accepte de nous rencontrer pour la première fois début novembre au Plateau, YS, la quarantaine et acteur comptabilisant plusieurs d’années d’expérience dans l’industrie forestière n’a qu’une envie qu’il nous expose en ces termes : « Mettre un grand coup de pied dans la fourmilière » afin d’assainir son secteur d’activités.

Au fil de plusieurs rendez-vous, notre source explique les difficultés qui assaillent l’industrie forestière en Côte d’Ivoire. A l’en croire, il existe une véritable « mafia » responsable de plusieurs actes hautement répréhensibles.

« Ils ont des connexions au plus haut niveau. Discrètement et la plupart du temps en usant des moyens du contribuable, ils pillent nos forêts. Ce sont des personnes dangereuses qui ne lésinent pas sur les moyens pour exploiter frauduleusement nos forêts », explique notre source.

Se perdant parfois entre les nombreux incidents qui ont eu lieu dans les forêts ivoiriennes, YS révèle que ce ‘’cartel’’ est tenu « par un exploitant forestier ressortissant du Moyen-Orient qui vit dans une grande ville de l’est du pays ». Cet homme selon notre informateur utilise certains agents de la Police forestière pour se livrer à des exploitations frauduleuses.

« Ils exploitent le bois dans des zones classées et le charge discrètement sur des camions à destination du Mali notamment et quand ils sont interpellés par des agents des Eaux et forêts, ils se retrouvent mis en liberté après que des ordres venus d’Abidjan soient donnés. C’est tout simplement malheureux », poursuit notre interlocuteur qui ajoute que plusieurs forêts classées sont occupées de façon illégale par des exploitants.

« Quand des agents arrivent pour déguerpir, indique le forestier, ce même monsieur active ses réseaux pour faire capoter l’opération. Des agents ont même essuyer des tirs dans une forêt classée de l’ouest lors d’un déguerpissement. C’est du grand banditisme. Il faut que la forêt ivoirienne soit sauvée de ces prédateurs ».

« C’est un secteur qui mérite qu’on s’y intéresse. Ce qui se passe est très grave. Il faut que les dirigeants réagissent avant qu’il ne soit trop tard », poursuit notre source.

Au cours des prochaines semaines, Observateur Citoyen reviendra dans des reportages écrits et vidéos sur les réalités de l’industrie forestière en Côte d’Ivoire. En attendant, il est important de préciser que le pays qui a lancé plusieurs initiatives plus ou moins concluantes pour refaire son couvert forestier possède à ce jour environ 3 millions d’hectares de forêt.

Au cours des 60 dernières années, la Côte d’Ivoire a perdu plus de 90% de son couvert forestier. Ce taux représente l’un des plus élevés en Afrique.

Foret ivoirienne, Eaux et forêts Côte d'Ivoire, Alain Richard Donwahi, Côte d'Ivoire
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