Retour de Laurent Gbagbo : Quand les discours font craindre le pire

Totalement acquitté le 10 mars dernier, Laurent Gbagbo s’apprête à rentrer en Côte d’Ivoire. Si ses partisans veulent faire de son retour un moment de communion, cela n’est pas du goût de certains cadres et militants du parti aux pouvoir.

Par Gnamien Attoubré

Les tractations pour le retour de Laurent Gbagbo avancent. Aujourd’hui, il n’y a plus de doutes ; l’ancien président ivoirien va rentrer prochainement dans son pays. Cependant, le cas de l’accueil qui lui sera réservé suscite des débats

En effet, au moment où le comité d’accueil mis sur place par ses proches travaille en vue d’un accueil dans la ferveur, des grincements de dents sont enregistrés. Pour les dignitaires du parti au pouvoir, pas question de laisser les proches de Gbagbo célébrer son retour dans la liesse populaire.

‘’Le patriote’’ donne le ton, Bictogo lui emboîte le pas.

Dans sa parution du 25 mai 2021, le journal proche du RHDP titrait : « Retour triomphal annoncé de Laurent Gbagbo, les jeunes disent non à la provocation. Pas question qu’il rentre en héros ». Si pour certains observateurs ces propos étaient ceux de simples citoyens, la direction du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la Paix se montre clairement en phase avec ces « jeunes ».

Lors d’une réunion politique le jeudi 26 mai 2021, Adama Bictogo, Directeur exécutif du RHDP s’est exprimé clairement sur ce sujet. «(..) En 2003, lorsque le Président Alassane Ouattara devrait revenir en Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu d’accueil populaire. (..’) Que ceux qui s'agitent comprennent que ce n'est pas le moment de vouloir organiser des cérémonies d'accueil sinon vous aurez en face des gens qui vont aussi organiser des cérémonies de deuil. », a-t-il déclaré.

 

Des troubles à craindre ?

Dans ces conditions, le principal est de s’accorder sur la formule pour éviter d’éventuels débordements. Objectivement, des troubles peuvent être redoutés eu égard aux positions affichées par les différentes parties.

Les victimes menées par Issiaka Diaby, faut-il le rappeler avaient déjà donné le ton en organisant des rassemblements. Un rassemblement prévu au même moment qu’un autre organisée par les pro-Gbagbo avait été annulé par craintes de violences.

La Côte d’Ivoire qui a renoué avec le calme après les violences lors de la présidentielle d’octobre 2020 va une fois retenir son souffle pour passer dans le calme cette étape du retour de son ancien président. Un clash entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara pourraient raviver les souvenirs douloureux de 2010 et leur corolaire de dégâts sur le tissu social ivoirien. En attendant, proches de Laurent Gbagbo et gouvernement continuent les discussions.