23 oct 2020 - 11:47
Par Hardine LOBA
Bonoua, ville située dans la région du Sud-Comoé à 60 Km d’Abidjan, connaît depuis quelques jours des mouvements de protestions qui ont enregistré le décès d’un manifestant dans la journée du lundi 19 octobre 2020. Après les tensions, la ville reprend peu à peu ses couleurs habituelles. Mais force est de constater que plusieurs commerces restent fermés. Salons de coiffure, restaurants et écoles sont très peu visités.
« Depuis les évènements du lundi je n’ai pas ouvert mon magasin de peur d’être à la mauvaise place au mauvais moment. Jusqu’à mardi les taxis étaient interdis de circuler avec les barricades installées à différents carrefours. Vraiment ce n’est pas facile pour nous parce que les affaires ne marchent pas bien dans ses conditions. On veut la paix » a fait comprendre dame Brou, une commerçante du quartier Koumassi.
Un peu plus loin au carrefour d’Anani à la frontière entre Abidjan et Grand-Bassam, la circulation, clairement plus fluide que d’habitude nous présente un tableau différent de ce que nous avons l’habitude de voir à cette heure de la journée. Les usagers, marchands, élèves et travailleurs qui se bousculaient et se disputaient chèrement les places dans les véhicules des transports en commun, sont moins nombreux.
Un transporteur que nous avons approché nous confie que le trafic a été quelque peu perturbé. « Les gens limitent un peu plus leurs déplacements avec les mouvements en ville mais tout est en train de rentrer dans l’ordre », fait-il savoir.
A Adjamé, commune commerciale d’Abidjan, le business de campagne souffre de ‘’la froideur de campagne’ ’nous fait savoir un imprimeur.
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Tee-shirts, casquettes, gadgets et véhicules de campagne ne sont pas au rendez-vous. ‘’Les années précédentes la campagne nous rapportait plus de marchés. Mais cette année, c’est vraiment calme. On ne sent pas la campagne ».
Les grandes entreprises pas épargnées
Si l’économie est menacée au niveau des commerçants, le gouvernement quant à lui, déplore d’énormes pertes financières.
Dans un communiqué publié hier jeudi 22 octobre 2020, le Ministère des transports a fait état d’un bilan de 2 milliards de pertes enregistrées après l’attaque contre les autobus de la Société des transports abidjanais (SOTRA).
Un petit tour sur le pont Henri Konan Bédié laisse entrevoir la faible fréquentation de l’édifice à péage traduisant ainsi les réticences des abidjanais à quitter leurs domiciles. Quand nous empruntons ce pont qui relie Cocody et Marcory ce jeudi 22 octobre à 7h30, juste quelques véhicules sont visibles là où c’est l’affluence, notamment dans le sens Cocody-Marcory.
« Vous-même vous voyez il n’y a même pas d’embouteillages. A cette heure à la 2, c’est toujours le monde mais c’est fluide alors qu’on a l’heure de pointe. On a remarqué que les gens s’empressent de rentrer chez eux », fait savoir Abdoul. A, conducteur de taxi dans la commune de Cocody.
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Grandes surfaces, services financiers, banques, boutiques… plusieurs acteurs de ce secteur confirment le ralentissement des activités dans cette période d’incertitudes.
« Aujourd’hui, la phrase qu’on entend le plus quand on va proposer nos produits c’est : après les élections on va voir. Ce n’est pas intéressant », confie Anne-Laure Tra Lou, commercial dans une grande entreprise de ventes de consommables informatiques. « Nos ventes ont véritablement chuté. On a comme clients les entreprises mais personne ne veut investir dans l’équipement de peur des pillages », ajoute-t-elle.
Avec un premier semestre 2020 marquée par le covid-19, les opérateurs économiques font désormais face à un nouveau problème avec l’incertitude lié à l’issue du processus électoral.
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