19 oct 2021 - 10:26
Par Daniel Coulibaly
Le lundi 9 août 2021, devant ses partisans au Palais de la Culture de Treichville, Laurent Gbagbo décide de quitter le FPI. Et de laisser ce parti (l’enveloppe) à Pascal Affi N’Guessan, président légitime, pour créer un nouveau mouvement avec « le contenu ».
Le PPA-CI, c’est avec ce nouvel instrument politique que celui qui a été jugé à la Haye et acquitté définitivement en mars 2021 a décidé de mener ses futures batailles politiques. Une nouvelle lutte pour la conquête du pouvoir d’Etat, tournant ainsi une page de sa vie politique, et ouvrant une nouvelle avec ses fidèles lieutenants. Pour ne citer qu'eux. : Sébastien Danon Djédjé, Assoua Adou, Agnès Monnet, Agoh Marthe, Aké N’Goh, Koua Justin, Marie-Odette Lorougnon, Katinan Koné. Et les partis qui ont voulu faire chemin avec lui comme l’UNG de Stéphane Kipré, son gendre, et EDS d'Armand Ouégnin.
Contrairement à Simone Gbagbo, absente à ce congrès, qui n’a pas encore clarifié sa position. Idem pour le Cojep de Charles Blé Goudé dont le siège est resté inoccupée jusqu’à la fin du discours de M. Gbagbo.
Il est exactement 15 heures lorsque Laurent Gbagbo gagne le pupitre. Il est vêtu d’une chemise blanche (style Gbagbo) et d’un pantalon noir. Une paire de souliers noires. Au micro, il marque un bon moment de silence. Lorsqu’il débute son discours, ses premières paroles sont des mots de Remerciements-Reconnaissances. A l’endroit de toux ceux qui ont cru en son combat. Il a salué les partis venus de l’étranger, des partis locaux (RHDP, PADCI-RDA), et surtout les chefs traditionnels de Blockhauss. Sans oublier son ami Aboudramane Sangaré (décédé en novembre 2018). Et une mention spéciale pour les militants de base. « Sans qui je ne suis rien », a-t-il dit. Pour lui, ceux-ci ont résisté et se sont battus dans les villages, quartiers pendant dix ans, malgré les répressions; tout cela a permis que son nom ne soit pas oublié.
Laurent Gbagbo a demandé également que le gouvernement ivoirien facilite le retour de tous les exilés. « Il faut qu’ils reviennent, ou bien on a dépassé une difficulté ou bien on ne l’a pas dépassée. Mais, si on a dépassé la difficulté et que le problème est résolu, pourquoi accepter encore qu’il ait des frères, des amis, des camarades en exil dans des conditions désastreuses…», s’est-il interrogé, promettant d’en discuter avec le président Ouattara.
Sur la situation des prisonniers politiques, le président du PPA-CI a invité le Chef de l’Etat ivoirien à faire un geste : « Les gens sont allés en prison à cause de moi, je suis au dehors ; eux ils font quoi dedans. Ils n’ont plus rien n’a faire en prison dès l’instant ou j’ai été acquitté et libéré ; ils n’ont plus rien à faire en prison. Il faut que nos compatriotes qui sont en prison qu’ils soient civils ou militaires ; il faut qu’ils reviennent nous retrouver au dehors ».
L’ex-président ivoirien a aussi fait un clin d’œil à ses soutiens de la diaspora dont les actions de manifestation ont participé à sa libération. « Le pire pour un prisonnier, c’est d’être oublié, car s’il est oublié s’en est fini pour lui », a confié l’ex-prisonnier de la CPI.
Sur son avenir politique, il est clair : « Je suis devant vous pour reprendre ensemble notre chemin… ». Pour le président du PPA-CI, ce n’est pas acceptable qu’à 76 ans qu’on veuille lui imposer un calendrier politique. « Je ne comprends pas les gens, ce que vous n’avez pas fait ; vous voulez le défaire », s’est-il indigné. Et d’insister : « Je ferai la politique jusqu’à ma mort », clamant qu’il est le seul a décidé sous quelle forme ; il continuera son combat politique.
«Il y a des gens plus vieux que moi qui font la politique. Donc, ce débat-là ; il faut l’arrêter. Et surtout, je ne plus qu’il arrive à mes oreilles… », a fait observer M. Gbagbo qui dit mettre sur le « marché politique ses idées ».
Il s’oriente désormais vers une lutte panafricaniste; et s’inspire des idées du Ghanéen Kwamé N’Krumah, ancien président du Ghana indépendant, pour une union des Etats africains.
« Tant que nous sommes dans des micro-Etats, nous ne sommes rien. (…) il faut ouvrir les yeux et les Etats africains doivent s’unir », a-t-il soutenu. C’est pourquoi, souligne le panafricaniste Gbagbo, il faut que le PPA-CI fasse appelle aux autres partis progressistes à l’union, car le panafricanisme n’est pas un slogan, mais une réalité.
Le fils de Mama a évoqué un éventuel retrait de la scène politique, mais pas de façon brusque. « Il faut préparer le retrait des ainés. La structure du parti que je vous ai proposée, c’est une structure pour préparer mon retrait. C’est une structure pour que demain, je puisse m’en aller tranquillement dans mon village ; sans regrets. Comment partir demain, sans causer des dommages à notre instrument de combat… », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Laurent Gbagbo a laissé entendre ceci : « Chers amis, chers camarades, mon ambition aujourd’hui; c’est de partir; pas de partir pour vous abandonner. Je serai toujours un militant de notre parti. Un militant de base. J’ai déjà dirigé un parti et aussi un Etat. Si les circonstances imposent que quelqu’un devienne président, il le devient. Mais à cet âge-ci, après ce parcours-là, la sagesse, c’est de se préparer à partir. Mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement, parce que je l’avais fait une première fois et cela ne nous a pas réussi… »
Il était 16 heures 13 minutes, quand Laurent Gbagbo termine son discours, avec des bénédictions pour la Côte d’Ivoire.
Si l'on ne sait clairement pas ses intentions en 2025, il est évident que le président du PPA-CI entend jouer un rôle prépondérant dans le marigot politique ivoirien.
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