23 juil 2020 - 15:36
Par Abraham Kouassi
La journée à la Cour pénale internationale (CPI) a été plutôt calme en ce qui concerne le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Présent au prétoire pour son troisième jour d’audition ce mercredi 27 septembre 2017, Philipe Mangou, ex-Chef d’Etat-Major des armées ivoiriennes a été interrogé par Eric Mc Donald, substitut du procureur.
L’interrogatoire qui a principalement tourné autour du cadre juridique de l’action des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS) a été le lieu pour le général de corps d’armées de revenir sur les propos qu’il avait tenus en réponse à Guillaume Soro en janvier 2011. A l’époque, le CEMA avait notamment accusé le chef du parlement ivoirien d’avoir « appelé les forces étrangères pour venir tuer les Ivoiriens ».
« Le Premier ministre Guillaume Soro m’a fait l’honneur de me recevoir dans sa chambre en Guinée Equatoriale qui est un territoire qui fait partie de ma zone de compétence. J’ai présenté mes excuses au Premier ministre Soro. Il a toujours eu de la considération pour moi. Cet incident est classé et clos, je ne veux plus en parler », a souligné le militaire.
« Nos policiers ont été attaqués à Abobo »
Marquée par plusieurs objections de la défense qui critiquait l’orientation des questions, l’audience a été le lieu pour l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon de livrer son commentaire sur l’action des Casques bleus engagés sous la bannière de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).
S’il a jugé l’œuvre des forces impartiales « satisfaisant », Phillipe Mangou dit s’être montré « amer avec les forces onusiennes ». Le témoin de l’accusation a justifié ce fait par une scène qui s’est déroulée selon lui, à Abobo. « Dans la nuit du 11 au 12 janvier, nos policiers ont été attaqués à Abobo. Quelques minutes après, un convoi des forces, impartiales est arrivé. Il y avait là des policiers blessés qui agonisaient. Ils les ont regardé, ils ont tourné les talons, sont montés dans leurs voitures et sont partis. C'est une faute grave, a martelé M. Mangou, de ne pas porter secours à une personne en danger (…)Quand des forces agissent comme ça vis-à-vis de nos forces, ça m'a révolté et je l'ai signifié au général Hafiz (Commandant des troupes onusiennes) ».
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Le militaire a également évoqué la question du couvre-feu instauré par Laurent Gbagbo lors du second tour de la présidentielle de 2010. A l’origine favorable à cette option, l’ancien premier responsable de l’armée ivoirienne a expliqué avoir été convaincu par Guillaume Soro qui a suggéré à Laurent Gbagbo de surseoir à cette décision. « Malgré cela, le président a signé le décret d’autorité », a signifié le témoin.
« En situation de guerre »
La situation à Abobo a été au nombre des questions soulevées lors de cette journée d’audience. Pour Philippe Mangou, les actions du « Commando invisible » dans la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire ont permis au commandement d’affirmer que la Côte d’ivoire « était en situation de guerre ». « Quand vous envoyez des éléments pour une mission de sécurisation dans un quartier au profit de la population et qu’au retour de la mission, on vous dit qu’il y a 4 éléments qui sont tombés, c’est difficile. Quand vous voyez que des gens utilisent des armes de guerre, c’est qu’on en est situation de guerre », a souligné l’actuel diplomate. Outre Yopougon, Philippe Mangou a été questionné sur les violences survenues en décembre 2010 à Yopougon-Wassakara au siège local du Rassemblement des Républicains (RDR) où des morts ont été enregistrés suite à une descente des forces de l’ordre qui recherchaient « un colis suspect ».
« Les colis contenaient des armes blanches et des armes », a fait savoir le témoin qui a ajouté qu’une enquête dont les résultats ne lui avaient pas été « communiqués » a été ouverte suite à cet incident.
L’interrogatoire de Phillipe Mangou se poursuit ce jeudi 28 septembre 2017 avec toujours, les questions de l’accusation.
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