08 oct 2020 - 09:02
Par Attoubré J.
Jeudi 6 août 2020, le président Alassane Ouattara annonce sa candidature pour un troisième mandat à l’élection présidentielle de 2020. Quelques jours après cette annonce, des manifestations violentes entrainent plus d’une dizaine de morts. Une situation qui inquiète les observateurs de la vie politique ivoirienne.
Dans ce contexte, une mission conjointe de haut niveau composée d’envoyés de la CEDEAO de l’UA-et de l’ONU a séjourné dans la capitale économique ivoirienne. La délégation a, pendant sa présence sur le sol ivoirien, rencontré les différents acteurs de la scène politique.
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Le communiqué final qui a sanctionné la visite n’a évoqué pratiquement aucune des revendications fortes de l’opposition. En effet, alors que celle-ci demande le retrait de la candidature de Alassane Ouattara et le report des élections, la mission s’est contentée d’annoncer le déploiement des observateurs électoraux de la CEDEAO en vue de s’assurer de la bonne tenue de l’élection du 31 octobre 2020.
"La Mission conjointe a informé les autorités et les acteurs politiques ivoiriens du déploiement d’observateurs électoraux de la CEDEAO et de l’Union Africaine dans le cadre de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 afin de contribuer à sa crédibilité" a déclaré le Général Francis Awagbè Béhanzin, Commissaire aux Affaires Politiques.
Au final, cette mission n’a pas permis de faire bouger les lignes de façon visible, du moins dans le sens de l’opposition. De plus en annonçant l’envoi d’observateurs électoraux, la mission donne sa caution pour la tenue de cette élection. Même s’il ne revient pas aux instances internationales d’évoquer un report dans l’état actuel des choses, cette position apparait comme un camouflet pour les adversaires d’Alassane Ouattara. Une situation dénoncée par ces derniers.
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Dans ce sens, lors d’un débat télévisé le mercredi 07 octobre 2020, l’ancien ministre des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh, aujourd’hui dans l’opposition a estimé que cette mission n’a pas apporté de plus-value à la situation sociopolitique.
«Quand une mission se rend dans un pays, il faut qu’au terme de la mission, il y ai une plus-value. C’est-à-dire qu’elle ait apporté quelque chose. Pour moi il n’y a pas eu de plus-value », a-t-il déclaré. Poursuivant, il a estimé que la mission aurait dû contraindre courageusement le président Ouattara à dialoguer avec l’opposition.
Visiblement dans cette bataille, l’opposition veut utiliser les moyens diplomatiques pour obliger le pouvoir à prendre en compte ses revendications. On se rappelle ainsi que dans le cadre de la visite du président Ouattara en France le 4 septembre 2020, des opposants dont Guillaume Soro, Affi N’guessan et Konan Bédié avaient invité le président français à prendre des initiatives en vue du retrait de la candidature de Ouattara.
Après cette douche froide qu’elle a reçue de la part de la mission conjointe de haut niveau, l’opposition ivoirienne va devoir compter sur elle-même. Dans ces conditions, seule sa capacité de mobilisation et d’action peut faire évoluer la situation dans le sens qu’elle souhaite. De ce fait, le meeting qu’elle prévoit le 10 octobre 2020 au stade Felix Houphouët-Boigny sera un test grandeur nature. Les opposants à Alassane Ouattara n’ont donc pas droit à l’erreur face à un adversaire qui semble tenir la corde.
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