Migration et paix : La Fondation Rosa Luxembourg ouvre le débat
11 mai 2021 - 07:44
Par Gnamien Attoubré
Le vendredi 07 mai 2021, la fondation Rosa Luxembourg a réuni des experts des questions migratoires ainsi que des jeunes pour réfléchir sur l’impact de la migration dur la paix.
Cette rencontre a vu la participation du docteur Bengali N’goran, enseignant Historien et Enseignant-chercheur et du Docteur Molou Aristide Ethnologue et Enseignant-chercheur. En premier, Dr Bengali a fixé le cade de la réflexion en faisant l’historique des importants flux migratoires vers la Côte d’Ivoire avant d’insister sur les stéréotypes de différenciation qui sont nés des mouvements migratoires.
« Les stéréotypes de différenciation sont des clichés forgés dans l’imaginaire collectif d'un groupe social, qui consiste à associer des traits caractéristiques plutôt péjoratifs à un autre groupe social vis-à-vis duquel on veut signifier sa différence. », a-t-il déclaré.
Poursuivant, il a fait remarquer que les ivoiriens tout comme les communautés issues de l'immigration y ont recours les uns envers les autres.
En plus de ces stéréotypes, les communautés d’immigrés développent une stratégie d'intégration économique axée sur la construction de monopoles commerciaux, qui s’apparentent aux yeux des ivoiriens à une tentative de verrouillage des pans de l’économie où les migrants de la première génération sont parvenus à se faire une place.
L’intégration dans le système économique des nouveaux arrivants se fait de façon concentrique autour de ces pionniers économiques de leur communauté. Ce qui à terme finit par créer des situations de monopole dans les secteurs d’activité en question. Ce procédé alimente en retour au préjudice des communautés de travailleurs immigrés le stéréotype « d’étrangers voleurs du travail des ivoiriens».
Toutefois, il précise que tous ces stéréotypes de différenciation et les stratégies d’intégration économique sont vécus comme des réalités non-conflictuelles jusqu’à la récession économique du début de la décennie 1990 une décennie de grandes mutations, l’instrumentalisation de l’identité nationale à des fins politiques par deux leaders en compétition pour assurer la succession politique de Félix Houphouët-Boigny, entraine une fracture profonde de la société ivoirienne.
Abondant dans le même sens, Dr Molou Aristide a pointé du doigt la manipulation de la diversité ethnique et religieuse à des fins politiques. Une démarche qui selon lui contribue à la fragilisation de la cohésion sociale.
« A l’analyse de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire et de la succession des crises dites (inter)communautaires, nous pourrons dire aisément que la pluralité linguistique est perçue comme un frein à la cohésion sociale puisqu’elle est utilisée à des fins politiques pour créer le fossé social identitaire. Les populations ivoiriennes subissent de la part des Hommes politiques des discours de haine faisant référence aux origines ethniques et tribales, à l’appartenance linguistique. », a-t-il déclaré.
Poursuivant, il a relevé des cas flagrants de manipulation des populations à des fins politiques lors des récentes élections législatives où nous voyons des leaders politiques. « Des cas flagrants de manipulation des populations à des fins politiques ont été relevés lors des récentes élections législatives où nous voyons des leaders politiques tenir des discours de haine et de rejet lors des campagnes. Pourtant, la pluralité linguistique devrait être perçue comme une richesse et donc un avantage pour la construction et la consolidation de la paix car on peut être riche de sa culture, de sa langue, de son histoire, etc., mais on s’enrichit des autres de la diversité. Les autres facteurs sociaux peuvent être source de richesse pour les populations. », a-t-il regretté.
La séance d’échanges qui a suivi ces propos liminaires ont permis aux participants de mieux comprendre ce thème.
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