08 déc 2021 - 00:00
Par Daniel Coulibaly
Le mardi 7 décembre 2021, le ministre ivoirien de la Promotion de la bonne gouvernance, du Renforcement des capacités et de la Lutte contre la corruption, Épiphanie Zorro Bi Ballo, a exprimé «toute son amertume » face à cette corruption qui gangrène la société, et surtout l’administration ivoirienne. Il était l’invité d’un Meet-Up initié par le réseau ivoirien des jeunes leaders pour l’intégrité (RIJLI) au siège de la fondation Friedrich Naumann-Abidjan.
Les pots de vin, les détournements de deniers publics, le recrutement par népotisme etc sont entre autres des formes de corruption autour desquelles, le ministre Épiphanie Zoro Bi Ballo a échangé avec ces jeunes leaders sur ces questions.
Selon le ministre de la Bonne gouvernance, les actes de corruption détériorent le tissu social, donc l’image de notre pays et repoussent les investisseurs. C’est pourquoi, il est impérieux d’agir. « Il faut que chacun y mettre du sien pour rehausser l’image du pays. Il faut qu’on relève l’image du pays, qu’on arrête les comportements qui mettent à mal le pays et dire qu’on ne doit pas classer mon pays comme ça. Nous devons tendre vers une culture d’intégrité dans l’intérêt de tous.», a-t-il exhorté, avant d’ajouter : « Il faut qu’à un moment donné notre orgueil soit touché, la fierté nationale, notre dignité et qu’on se dise qu’on ne peut pas continuer comme ça. On n’a pas le droit de continuer comme ça ; on n’a pas le droit de compromettre l’avenir de notre pays ».
A l’en croire, la corruption a coûté à l’économie ivoirienne mille milliards trois cent millions de FCFA en 2019. Et au niveau de l’aide au développement, c’est la bagatelle somme de trois cent milliards FCFA.
Il fait observer que la corruption est devenue comme une « chose normale » dans les habitudes de plusieurs Ivoiriens. « C’est choquant, mais on en fait une pratique propre à notre culture à tel enseigne que cela ne choque pas (…), et c’est accepté comme une pratique quasiment normale », s’indigne-t-il.
« La corruption est le syndrome de la mal gouvernance. Petite corruption, grande corruption, c’est basé sur les mêmes principes et valeurs », a ajouté le ministre Zoro Bi Epiphane. Qui estime que le détournement des deniers publics peut même être considéré comme un crime, car ce sont les impôts de chacun, c’est le fruit du travail de chacun qui se perdent.
Les forces des défenses et de sécurité ne sont pas en marge de cette lutte patriotique, car elles sont les premières gardiennes de l’intégrité du pays. « On ne peut pas lutter contre la corruption si on n’a pas de policiers, gendarmes intègres parce que ce sont eux qui vont conduire les procédures contre la corruption et de poursuivre les corrupteurs et les corrompus », a-t-il soutenu.
En outre, le ministre n’a pas manqué de dénoncer les nominations par népotisme à la fonction publique. Il a indiqué que : Le népotisme, c’est « de la corruption », il est une gangrène.
En 2022, plusieurs initiatives seront mises en œuvre afin de soutenir les différentes actions en cours (l’opération coup de poing, l’opération mains propres, etc), notamment une loi de protection des lanceurs d’alertes, une plate-forme de signalement des cas de corruption avec un numéro vert, la digitalisation complète de l’administration (l’une des solutions).
« Avec l’ONUDC, nous sommes en train de travailler sur la loi visant à protéger les lanceurs d’alertes qui sont un dispositif essentiel. Et nous devrions être tous des lanceurs d’alertes… », a-t-il confié. La jeunesse ivoirienne, de son avis, doit se sentir interpeller parce que les actes de corruption aujourd’hui compromettent son avenir.
Rappelons qu’en 2012 sur l’indice Transparancy, la Côte d’Ivoire est passée de 27/100 points en 2021 à 36/100 points. C’est-à-dire de 115è à 104è/180 pays. L’ambition actuelle du gouvernement, c’est de faire en sorte que le pays gagne 12 points en 4 ans pour avoir 50/100 points.
Le Meet-Up avait pour thème : « Quelle contribution des jeunes à la promotion de la Bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption à la lumière des initiatives actuelles du gouvernement ». Il a été organisé avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann et ONUDC ( Office des Nations unies contre la drogue et le crime).
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