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Entre infrastructures dégradées et cherté de la vie, San Pedro veut renaitre

Ça se passe en Côte d’Ivoire, Economie, Société
Entre infrastructures dégradées et cherté de la vie, San Pedro veut renaitre

05 juil 2021 - 08:47

Regard Citoyens
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San Pedro, ville située à plus de 300 km de la ville d’Abidjan, et considérée comme le deuxième poumon économique du pays grâce à son port, est en manque d’infrastructures routières depuis des années. En outre, elle reste l’une des villes les plus « chères » de Côte d’Ivoire.

Par Daniel Coulibaly

Pour atteindre San Pedro, il est possible de voyager par avion. Cette option peut vous prendre 40 à 45 minutes pour une somme de 80 000 FCFA avec la compagnie Air Côte d’Ivoire. Située dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, la ville peut être également accessible par bateau ou par la route. La dernière option, la plus utilisée, est devenue un calvaire pour tous les voyageurs. Et pour cause, les infrastructures routières de cette région sont dégradées et crient réhabilitation. Le voyageur désireux de s’y rendre depuis la capitale économique de la Côte d’Ivoire est ainsi obligé de faire un détour plus long par la ville de Gagnoa eu égard à l’état de dégradation avancé de « la Côtière », voie d’accès directe à San Pedro depuis Abidjan.

Les routes à la peine

Une fois à San Pedro, le premier constat qui s’offre à vous, est le mauvais état dans lequel la voirie est plongée depuis des années. La ville de San Pedro fait face à un important déficit d’infrastructures routières. Certes, la ville est en plein chantier de reprofilage des routes mais la situation reste toujours aussi difficile. Par endroits, les machines sont sur place et mènent des travaux de réfection des voies. Lors de la première édition des « journées économiques » de la ville portuaire du 24 au 25 juin 2021, les opérateurs économiques ont relevé la dégradation de la voirie au niveau de la zone portuaire, où elle est énormément en souffrance. « Les infrastructures routières du port sont vétustes », ont-ils déploré devant les représentants des ministres de l’Economie et des Finances et du Commerce et de l’Industrie. C’était au cours d’une rencontre entre ces opérateurs et les représentants des ministres.

Malheureusement, ce n’est pas seulement la ville de San Pedro qui souffre d’un manque criard d’infrastructures routières. Toute la région ou presque est mal nantie. Emprunter la Côtière relève du parcours du combattant.  Le Premier ministre Patrick Achi, selon le ministre Anoblé Félix, devrait y être en début du mois de juillet pour le lancement officiel des travaux de réhabilitation des infrastructures routières de la côtière. Et cette nouvelle a été bien accueillie par les fils et filles de la région, et surtout les opérateurs économiques.

L’état de dégradation avancé de ces routes est la cause de nombreux accidents surtout pendant la saison des pluies. Deux graves faits se sont produits dans la nuit du vendredi 24 à samedi 25 juin 2021. Le premier est relatif à un gros camion qui s'est renversé avec tout son poids sur la route et le second, plus grave, est un accident de la circulation impliquant un gros camion et une voiture personnelle. Le véhicule personnel a été sérieusement endommagé mais fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’est à déplorer. « De San Pedro en passant par Méagui, Soubré jusqu’à Gagnoa, il faut une prudence extrême pour éviter le pire », indique un habitué de cette voie.

Un poumon économique qui coûte cher

San Pedro, la ville portuaire est considérée comme le deuxième poumon de l’économie ivoirienne. Le port est l’une des principales infrastructures économiques construites après l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Il comporte un port de pêche et commerce.  Il est le nœud de la logistique du cacao et des minerais, etc. Ce port a la charge de l’ensemble des fonctions portuaires y compris les opérations d’exploitation, de services aux navires, d’entretien, du renouvellement et de l’extension des infrastructures portuaires. Le port de San Pedro exporte environ un  million de tonnes de cacao par an ce qui en fait le premier port exportateur de cacao dans le monde. Le secteur privé y joue une part active dans son fonctionnement. Les autorités portuaires de la ville entendent mettent en œuvre un projet d’extension par la réhabilitation et la modernisation de la zone portuaire afin de rendre la région de San Pedro un hub compétitif pour des potentiels opérateurs. Cette activité économique importante et florissante contraste avec une réalité plus difficile pour les populations de la ville qui est la cherté de la vie.

Tous s’accordent à le dire : vivre à San Pedro coûte cher. Lors de ces journées économiques, plusieurs témoignages de populations sont allés dans ce sens. C’est le cas de Dame Aicha rencontrée à l’occasion.« A San Pedro ici, tout est cher. Seul le sel est moins cher. Avec le sachet de 100 FCFA, on peut faire deux semaines avec ça », a-t-elle dénoncé, implorant les autorités centrales et locales à « faire quelque chose » pour sauver la population.

M. Bamba, en mission dans la ville, nous a confié que la carpe, poisson très prisé de la classe moyenne qui se vend à Abidjan à 1500 FCFA est vendu à 5000 FCFA dans la ville portuaire. Et celui de 2000 FCFA ou 2500 FCFA est à 5000 FCFA ou 6000 FCFA, selon les vendeuses de « poissons braisés ». Et que dire du «poulet braisé » entier qu’on peut avoir à Abidjan à 3000 FCFA qui coûte 6000 FCFA à San Pedro, soit le double.

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