En quête d’une fraternité éprouvée, Bongouanou panse ses blessures

Bongouanou, ville du centre-est de la Côte d’Ivoire a su se construire une belle fraternité. Cependant, cette cohésion est bouleversée par les crises politiques de ces dernières années. La violence qui s’est abattue sur la ville le week-end dernier a laissé des blessures profondes.

Par Attoubré.J

Riche de ses forêts, la région du Moronou, attache un grand prix à la fraternité. Depuis longtemps, les peuples des différentes communautés entretiennent de bons rapports entre eux. Cette cohésion est renforcée par les mariages inter-ethniques.

Mais depuis quelques années, une fracture profonde existe entre les communautés. De ce fait, la violence politique se transforme rapidement en affrontements intercommunautaires. Comme ce fût le cas du vendredi 16 au samedi 17 octobre 2020.

En effet, dans le cadre de l’application du mot d’ordre ce boycott actif lancé par l’opposition, des affrontements ont éclaté. Durant deux jours, la violence a été d’une extrême gravité. Des dégâts matériels en passant par des pertes en vies humaines. Le bilan est lourd. Le sang a donc souillé la terre de la ville de Bongouanou. Autrefois symbole de fraternité.

Pour tenter de calmer la situation, le commandant supérieur de la gendarmerie Alexandre Apalo a effectué une visite dans la ville le 18 octobre. Après une rencontre entre les responsables des différentes communautés, ces derniers ont pris l’engagement de travailler en faveur de la paix.

Une opération pour nettoyer la ville du « malheur »

Après les pourparlers de paix, une opération coup de balai a été organisée ce mercredi 21 octobre 2020. Au cours de cette activité, les autorités de villes ainsi que les différentes communautés main dans la main ont décidé de nettoyer les stigmates visibles de ces jours d’horreurs. Cette action a eu pour mérite de rassembler les habitants de la ville. Mais si cette démarche est à saluer, il convient de noter que la crise est profonde.

 

De la crise poste électorale de 2010 et la dégradation de la fraternité

A l’instar de plusieurs villes du pays, la crise poste électorale de 2010 a laissé des traces profondes dans la capitale de la région du Moronou. En effet, après la chute de Laurent Gbagbo, certaines personnalités proches de l’ancien président ont vu leurs biens pillés.

On se rappelle ainsi que la même résidence de Pascal Affi N’guessan avait été pillée et incendiée. Par la suite, les Forces Républicaines Côte d’Ivoire (FRCI) qui se sont installées dans la ville ont contribué à creuser la fracture sociale.

En effet, avec violence, ils ont fini par  instaurer un sentiment de peur et de méfiance. Les événements de ces derniers jours ne sont donc que la face visible d’un profond malaise qui mérite d’être traité avec objectivité pour prévenir ce genre de situation. Car il est regrettable que des vies se détruisent sur l’autel des crises identitaires.