01 fév 2021 - 16:39
Par Daniel Coulibaly
« Hooo, c'est vraiment triste. Hannnnnnnn ! L'école ivoirienne oh, c'est vraiment triste ! Ziamainou, Ziamainou ».
« Hooo, c'est vraiment triste. Hannnnnnnn. L'école ivoirienne oh, c'est vraiment triste. Ziamainou, Ziamainou ».
« Ça ne recule pas, ça n'avance pas, Hannnnnnnnnnnn » !
« Ça ne recule pas, ça n'avance pas, Ziamainou, Ziamainou! »
Ce sont là, quelques paroles d'une chanson culte de l’artiste zouglou Fitini. Celui qu'on surnomme le créateur dans le milieu du showbiz ivoirien. Dans cette chanson marquée par l'humour, il dénonce le niveau de langage des élèves et artistes chanteurs qui laisse, selon lui, à désirer.
Il note des fautes grammaticales à travers " la chanteuse principale" au lieu de " lead vocal" d'un groupe de chanteurs, « les Blancs ont beaucoup de cheval », et bien d‘autres choses encore relevées dans cette chanson.
Le mal de l’école ivoirienne ne date pas d’aujourd’hui certes, mais ces dix dernières années ; elle souffre énormément de plusieurs maux : tricherie, dépravation des mœurs, manque d’enseignants, d’infrastructures ... Tout cela a contribué à influencer la qualité de l’enseignement. Malgré cela, elle a toujours trouvé des laudateurs. Primo, les autorités scolaires et secundo les autorités gouvernementales.
En s'appuyant sur les derniers résultats scolaires de ces dix dernières années, la ministre Kandia Camara de l’Education nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, affirme que notre école connaît une évolution constante depuis l’année 2011. De 58,22% en 2011, l’on est passé à 95,35% en 2020 pour le CEPE. Un taux de 16,88% en 2011 contre 53,17% en 2020 pour le BEPC. 20,25% en 2011 contre 40,80% en 2020 pour le BAC.
Avant de reconnaitre que ces résultats ont été salis par la fraude et la tricherie malgré l’adoption des mesures pour décourager les auteurs. Elle a donc décidé de mener des enquêtes afin de situer les responsabilités et prendre des sanctions exemplaires pour sauvegarder la crédibilité de nos diplômes. En réalité, ces chiffres sur l’école cachent beaucoup de lacunes. Avons-nous été dupés ?
Élèves, enseignants, encadreurs, tous souffrent d'un niveau de langue mal inspiré. La majorité ne trouve son salut que dans le français population ivoirien (FPI) ou encore dans le nouchi (argot ivoirien).
Ce qui est juste de dire ; c’est que la performance de l'école ivoirienne est bien loin d'une mention. Oui, très loin des propos dithyrambiques à son égard. En effet, le rapport 2019-2020 du Programme d’Analyse des Systèmes éducatifs (PASEC) qui présente la qualité des systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne francophone place la Côte d'Ivoire à l'avant dernière place.
En clair, le rapport dit que l'école ivoirienne n'a pas progressé, contrairement à ce qui est dit officiellement sur ses performances et la qualité de l’enseignement.
" En lecture, plusieurs pays se distinguent par une amélioration substantielle de la performance moyenne, à savoir le Bénin (+62,3) et le Niger (+67,5) et dans une moindre mesure le Congo (+38,6) et le Sénégal (+27,5). Le Burkina Faso et le Tchad se caractérisent par une progression de près de 20 points deux pays régressent de manière significative : le Burundi (-35,5) et la Cote d’Ivoire (14,2)», fait savoir le PASEC.
Le PASEC poursuit pour dire que le sous niveau 1, c’est-à-dire « les élèves qui se situent à ce niveau ne manifestent pas suffisamment les compétences mesurées par ce test en langue de scolarisation. Ces élèves sont en difficulté sur les connaissances et compétences ». Et au niveau 4, à savoir la compétence de Lecteur intermédiaire : vers une lecture autonome pour comprendre des phrases et des textes « Les élèves ont atteint un niveau de déchiffrage de l’écrit et de compréhension orale qui leur permet de comprendre des informations explicites dans des phrases et des textes courts. Ils sont capables de croiser leurs compétences de décodage et leur maîtrise du langage oral pour restituer le sens littéral d’un texte court. ».
Sur ce chapitre, quatre (4) pays positionnent la majorité de leurs élèves au-dessus e la moyenne de compétence en langue. Il s’agit respectivement du Burundi (78,9%), Gabon (66,1 %), Congo (63,3%) et Madagascar (55,3%), soutient le PASEC.
« Cependant, de très importantes proportions d’élèves en Guinée (76,7%), au Togo (75,6%), en Côte d’Ivoire (66,9%), au Tchad (66 %), au Burkina Faso (65,8%), au Bénin (62,4%) et au Cameroun (60,6 %) ne disposent pas des compétences leur permettant de poursuivre sans difficultés leurs apprentissages. », souligne le document.
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