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Côte d'Ivoire: Fin du mandat des nations unies, faut-il s'inquiéter ?

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Côte d'Ivoire: Fin du mandat des nations unies, faut-il s'inquiéter ?

23 juil 2020 - 23:42

Regard Citoyens
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Si la situation politique plus ou moins stable que connait la Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011, a poussé le conseil de sécurité de l’ONU à conclure que le pays est sur le chemin d’un retour à la paix durable et a mettre fin à sa mission de maintien de la paix ce Vendredi 30 Juin 2017, la culture d’une apparente impunité et les récentes mutineries qui ont secoués le pays, devraient nous emmener à avoir des réserves sur de telles conclusions.

Par ML STAMINA

Les opérations de maintien de la paix de l'ONU ont pour mission d’aider les pays déchirés par des conflits à créer les conditions d'un retour à une paix durable.

En Côte d’Ivoire, la mission de maintien de la paix des Nations Unies a été établie le  4 avril 2004, conformément à la  résolution 1528 (2004)  du 27 février 2004  du conseil de sécurité. Elle avait pour objectif de de faciliter la mise en œuvre, par les parties ivoiriennes, de l’accord de paix qu’elles ont signés en janvier 2003 et qui visait à mettre un terme à la guerre civile ivoirienne. Son mandat a été par la suite prorogé et a couvert les  accords de paix de Ouagadougou de 2007 et aussi la crise postélectorale de 2010-2011.

2017, Après 13 années d’actions en faveur du rétablissement de la paix en Côte d’Ivoire, l’ONUCI  plie bagage en laissant aux  autorités ivoiriennes la responsabilité de garantir les acquis du maintien de la paix. Une responsabilité assez lourde avec les défis de la réconciliation nationale et de sécurité  auxquelles fait face le pays.

Une impunité apparente qui menace la réconciliation nationale

Quelques temps après son accession au pouvoir, M.  Alassane Ouattara a transféré  à la CPI, son ancien adversaire politique aux élections présidentielles de 2010, M. Laurent Gbagbo. Ce transfert s’est fait sur la base du rôle présumé du Président déchus dans la crise post- électorale.  Dans la même lancée,  plusieurs individus,  proches de l’ancien régime, sont détenus et parfois meurent de façons atroces dans les prisons Ivoiriennes. 

Pendant ce temps,  des individus et des membres  des forces de sécurités impliquées dans les atrocités perpétrées pendant la crise postélectorale de 2010-2011 et proches du pouvoir en place,  paradent sans aucune inquiétude dans les rues d’Abidjan.

Face à un tel constat, il est malheureusement impossible de parler de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Il ne peut y avoir de véritable réconciliation si toutes les parties impliquées dans les atrocités de 2010-2011 ne sont pas jugées. Malheureusement  l’affirmation du président de la République  le jeudi 4 février 2016, selon laquelle il n'enverrait plus aucun ivoiriens à la CPI montre un vrai manque de volonté politique d’apporter la réconciliation aux Ivoiriens.

Une  récente mutinerie  et une découverte de cache d’armes qui pourraient envenimer un contexte politique déjà tendu.

De janvier à Mai 2017, la Côte d’Ivoire a été secouée par une mutinerie. Plusieurs villes y compris Abidjan ont été prises en otages par des ex membres des forces nouvelles. Ils   revendiquaient  le  paiement de primes, une amélioration de leur situation de travail et une réduction du temps à passer dans les grades. 

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L’incapacité du gouvernement à maitriser rapidement cette situation a amplifié  le climat d’insécurité déjà existant dans le pays. Comme si cela ne suffisait pas, au plus fort de ces mutineries, une dizaine de caissons d’armes de guerre ont été découverts à Bouaké dans un domicile appartenant à Souleymane Kamagaté, chef de protocole de l’actuel chef du parlement ivoirien, Guillaume Soro. 

Même si les mutins semblent s’être ressaisis,  beaucoup d’ivoiriens sont toujours angoissés à l’idée de se sentir à nouveau pris au piège entre des soldats  qui n’hésitent pas à prendre les armes dès qu’ils ont des revendications , un gouvernement trop faible pour faire respecter l’ordre dans ses casernes et l’existence d’éventuels autres caches d’armes.

Le départ de l’ONU malgré la situation sécuritaire  incertaine, pourrait nous faire croire que  le cas de notre pays est alarmant. Cependant, le future de la  Côte d’Ivoire n’est pas pour aussi sombre que ça. Il existe encore  une majorité d’ivoiriens, désireux de ne plus revivre les évènements de 2010-2011 et de passer à autre chose.

Au point où nous en sommes, l’optimisme, la patience, la tolérance et  la foi, restent nos meilleurs  alliés pour les combats  menés en faveur du maintien de la paix en Côte d'Ivoire.

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Abidjan, CPI (Cour pénale internationale), ONUCI, réconciliation
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