17 sep 2021 - 08:31
Par Daniel Coulibaly
Nous l’indiquions récemment dans un article que le Fonds monétaire international (FMI) entend évaluer la Côte d’Ivoire en 2022. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Depuis cette annonce, les choses ont commencé à bouger dans le cadre de la lutte contre la corruption dans notre pays. En tout cas, la volonté est bien manifeste. Plusieurs actions sont menées à travers le pays. Le jeudi 09 septembre 2021, le gouvernement a organisé l’atelier de validation du rapport diagnostique du phénomène de la corruption et des infractions assimilées en Côte d’Ivoire.
Le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly a pris part à cet atelier placé sous la présidence de N’Golo Coulibaly, président de la Haute Autorité pour la Bonne gouvernance (HABG).
« La Convention des Nations Unies contre la Corruption, en tant qu’instrument juridique universel de lutte contre la corruption, contient des normes anticorruptions novatrices et mondialement acceptées qui s’appliquent au secteur public comme au secteur privé. Il importe, à cet égard, d’internaliser ces normes, car nous payons tous le prix de la corruption. En effet, la corruption limite la capacité des gouvernements à servir les citoyens en ce qu’elle fragilise l’état de droit, les institutions publiques et la confiance dans les dirigeants. Elle agit comme un frein au développement et prive des millions de personnes de la prospérité, des droits, des services et des emplois qui leur font cruellement défaut et auxquels ils peuvent prétendre ». Tel était en substance le message du ministre Adama Coulibaly.
Pour M. N’Goly Coulibaly, il s’agit d’un nouveau départ de la lutte contre la corruption et non d’une action ponctuelle isolée. « (…) le plan stratégique national de lutte contre la corruption qui arrive dans ce contexte sera un outil additionnel au service de l’opération « Mains propres » avec des actions bien structurées dont la mise en œuvre impliquera toutes les couches de la société ivoirienne », a fait observer N’Goly Coulibaly.
Toujours dans la même veine de montrer aux yeux du FMI l’engagement d’Abidjan à lutter contre la corruption, le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, du renforcement des capacités et de la lutte contre la corruption, Epiphane Zoro Bi Ballo, s’est également signalé avec une conférence de presse, le mardi 14 septembre dernier à son cabinet au Plateau. Epiphane Zoro Ballo a affirmé avoir épinglé plusieurs personnes dans différents domaines d’activités, à savoir des magistrats, des agents de la SICTA, du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, des gendarmes et policiers.
Cette précision du ministre donne clairement une idée des domaines les plus touchés par la corruption dans notre pays. En mai 2019, une étude de l'ONG ivoirienne Initiative pour la justice, Sociale Justice avec l’appui de Transparency International a identifié les secteurs de l’immobilier, la télécommunication et l’agriculture comme des secteurs touchés par le blanchiment d’argent.
De même, le secteur minier est très souvent cité dans la question de blanchiment de capitaux et d'appui financier au terrorisme en Afrique, et la Côte d'Ivoire n'est pas épargnée.
Le jeudi 28 janvier 2021, Transparency International publiait son rapport sur "l'indice de perception de la corruption " en 2020. Le document place la Côte d’Ivoire à la 8e place des pays les plus corrompus d'Afrique de l'Ouest avec un score de 36/100 [(L'IPC part du bas de l'échelle de 0 (très corrompu) à 100 (très propre)].
Toutefois, il faut reconnaître que notre pays a fait aussi des progrès dans certains secteurs, notamment au niveau des opportunités économiques, reconnus par l’indice MO Ibrahim de la gouvernance africaine. Ces progrès, selon les autorités ivoiriennes, doivent se poursuivre afin d’améliorer le classement du pays au niveau de l'IPC.
Notons que la corruption ne se limite pas au détournement de fonds; elle est également la cause d’une insuffisance de contrôle qui peut, à son tour, encourager les réseaux criminels organisés et favoriser des infractions telles que la traite d’êtres humains, le trafic d’armes et de migrants, la contrefaçon et le commerce d’espèces menacées de disparition.
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