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Côte d’ivoire : 10 ans après, que reste-t-il du devoir de justice ?

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Côte d’ivoire : 10 ans après, que reste-t-il du devoir de justice ?

05 aoû 2021 - 08:41

Regard Citoyens
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Après la grave crise post-électorale électorale de 2011, le gouvernement du président Alassane Ouattara a fait le choix de la réconciliation basée sur la justice et la réparation. 10 ans après, que reste-il réellement de cette volonté de justice ?

Par Gnamien Attoubré

En Côte d’Ivoire, la crise post-électorale de 2010-2011 a fait plus de trois mille morts officiellement. Une fois installé, le pouvoir du président Alassane Ouattara a décidé de travailler en faveur de la réconciliation en faisant de la justice l’un des piliers de cette réconciliation. « Ni impunité, ni vengeance » tel était le leitmotiv.

Seulement, 10 après, la justice laisse un gout amère. En effet, alors que les rapports tant nationaux qu’internationaux affirment clairement que les crimes ont été commis dans les deux camps, le camp Ouattara n’est toujours pas inquiété.     Dans le même temps, plusieurs hauts gradés de l’armée ivoirienne qui ont combattu aux côtés de Laurent Gbagbo sont en prison.

Dans un rapport intitulé « Ils les ont tués comme si de rien n’était », publié en 2011, Human Right Watch accuse clairement plusieurs de ces chefs militaires.

« Commandant Fofana Losséni également connu sous le diminutif de « Loss », a été le commandant de secteur des Forces nouvelles à Man. Des soldats sous son commandement ont pris le contrôle de Duékoué le 29 mars au matin et joué un rôle important dans le massacre de centaines de personnes dans le quartier Carrefour », peut-on lire dans le rapport. En plus de ces accusations, le commandant Loss a été cité dans le procès d’Amadé Ouéremi sur le massacre de Duékoué. Mais n’a jamais comparu. Il continue sa carrière dans l’armée ivoirienne où il a même été chef de corps du bataillon de sécurisation du Sud-ouest.

En ce qui concerne le Commandant Chérif Ousmane l’organisation de défense des droits de l’homme note que « durant l’assaut final sur Abidjan, il était le chef des opérations des Forces républicaines à Yopougon, où de nombreux partisans présumés de Laurent Gbagbo ont été sommairement exécutés. D’après un soldat de sa « compagnie Guépard », Chérif Ousmane aurait lui-même ordonné l’exécution de 29 prisonniers début mai. ».

Malgré ces accusations graves, Chérif Ousmane a été nommé Sous-chef d’État-Major de l’armée de terre.

Vers le sacre de l’impunité

Lors de la rencontre entre l’ex-président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara, la question des prisonniers était au centre des échanges. En effet, Laurent Gbagbo a plaidé auprès du président afin que ces derniers soient libérés. Certains observateurs de la vie politique évoquent la possibilité d’une amnistie comme ce fut le cas en août 2018.

Une Amnistie totale qui peut prendre en compte des proches de Ouattara également accusés de crimes permettra certainement fermer définitivement le chapitre judiciaire de cette crise.

Des victimes n’auront certainement pas la chance de voir la justice punir leurs bourreaux.

Justice en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, crise ivoirienne, CPI
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