08 oct 2020 - 15:34
Par Antoine Kobena
Après deux mandats marqués par une embellie économique, Alassane Ouattara, président ivoirien s’apprêtait à rentrer dans l’histoire en étant le premier président en fonction à quitter le pouvoir pacifiquement. Entre sa résidence de la Riviera-Golf, ses bureaux du palais présidentiel du Plateau et sa résidence secondaire d’Assinie, le chef de l’Etat ivoirien a passé les derniers mois à préparer sa succession en mettant en avant Amadou Gon Coulibaly.
Puis, vint ce véritable coup du sort du 8 juillet 2020 avec la disparition brutale du Premier ministre et candidat désigné par le RHDP. Conscient du risque pour son parti de désigner un nouveau candidat à quelques semaines de l’élection, le numéro 1 ivoirien s’est lancé depuis le 6 août 2020 dans une course pour un 3e mandat contesté.
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Car, en dépit des déclarations du chef de l’Etat ivoirien et de ses proches, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un 3e mandat qu’il entend obtenir le 31 octobre prochain. Face à une opposition qui peine à mobiliser les populations contre lui et qui pourrait décider de boycotter le scrutin, Alassane Ouattara est bien lancé pour se faire réélire.
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Le président ivoirien pourrait affronter le seul Kouadio Konan Bertin dit KKB le 31 octobre prochain et de ce fait s’assurer une victoire dès le premier tour. Cependant, il est quasiment certain qu’il ne bénéficiera plus de l’état de grâce et de l’espoir placé en lui par les populations lors de son arrivée au pouvoir en 2010.
De fait, en cas d’élection dans ces conditions, le natif de Dimbokro qui attache une importance particulière à la préservation de son image pourrait apparaitre comme un chef d’Etat à la légitimité contestée. Alassane Ouattara qui aura 79 ans en janvier 2021 devra ajouter ce facteur au poids de l’âge.
Dans un pays où la population jeune devient de plus en plus exigeante envers sa classe politique, le président de la République devra jouer serrer s’il ne veut pas briser ce qu’il est convenu d’appeler « le mythe Ouattara ».
L’usure du pouvoir, une gangrène irréversible
Ce mythe fait déjà face à l’usure naturelle qui gagne tout régime après 9 années passées à la tête d’un Etat. Car, s’il est parvenu avec le temps à devenir un redoutable homme politique, Alassane Ouattara n’est plus ce technocrate d’à peine 50 ans nommé Premier ministre par Houphouët-Boigny en 1990.
A l’époque, il avait réussi à se bâtir une solide réputation de « hard worker » allergique au retard et au gaspillage. 30 ans dont 10 passés à la tête de l’Etat ont sans aucun doute ramolli l’homme qui, faut-il le souligner, s’était préparé psychologiquement et politiquement à passer la main.
En cas d’élection, Alassane Ouattara devra donc se réinventer mais également, trouver des Hommes nouveaux pour donner un nouveau souffle à son régime. Va-t-il y parvenir alors que plusieurs de ses alliés et collaborateurs ont fait défection ? Rien n’est moins sûr.
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