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Cacao ivoirien, déforestation et travail des enfants : l'Union européenne menace

Ça se passe en Côte d’Ivoire, Economie
Cacao ivoirien, déforestation et travail des enfants : l'Union européenne menace

25 jan 2021 - 08:36

Regard Citoyens
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C’est une décision qui va forcément impacter le commence du cacao. L’Union européenne a décidé de durcir le ton sur des questions telles que la déforestation et le travail des enfants.

Par Daniel Coulibaly

L'Union européenne a décidé de durcir le ton sur la déforestation, l'utilisation des enfants dans les plantations de cacao sur le sol ivoirien, et pour l’amélioration des conditions de travail des producteurs.

Les autorités ivoiriennes devraient s'atteler à trouver une solution à ces problématiques récurrentes dans la production du cacao. Cela pourrait être "agaçant" pour notre pays qui a toujours déclaré que son succès repose sur l'agriculture. Il est obligé de s'y mettre, car l’Union européenne envisagerait de mettre l'accent sur cet aspect dans les pays producteurs de cacao. L'UE, dans les mois à venir, veut se doter d’une réglementation interdisant l’importation sur son sol de produits liés à la déforestation ou au travail des enfants.

Sur la déforestation, il faut noter que la Côte d'Ivoire fait partie des mauvais élèves en termes de conservation des forêts à travers le monde. Sur 16 millions d’hectares de forêts dans les années 1960, le pays ne compte que, désormais, près de 2,5 millions d’hectares, selon les chiffres officiels. Les causes sont principalement dues au développement des plantations de cacao, et champs pour nourrir les populations.

Lire aussi: Production de cacao: plus d'un million de tonnes invendus à travers le monde

Pour contrer cette déforestation, le ministre ivoirien des Eaux et Forêts, Alain Richard Donwahi, a initié, en 2020, plusieurs actions dont une compétition sous le thème : « Côte d’Ivoire, pays vert, puits de carbone », destinée aux étudiants des grandes écoles et universités. Laquelle initiative était appuyée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le ministère Alain Donwahi avait précisé que la politique forestière ivoirienne visait à recouvrer « six millions d’hectares en 2030, soit 20 % du territoire national et un accroissement de 3 millions d’hectares de forêts ».

La présence des enfants dans la chaîne de production du cacao a longtemps été une réalité dans les plantations ivoiriennes. Des enfants de 8 à 10 ans... sont souvent sous les cacaoyers ramassant les cabosses. Une étude de la fondation International Cocoa Initiative réalisée du 17 mars au 15 mai 2020, en confinement Covid-19, indique que le nombre d’enfants effectuant des travaux dangereux (utilisation de machettes, de produits phytosanitaires ou port de charges très lourdes) est passé de 16 % à 19 %.

C’est « une augmentation considérable, de 21 % », souligne la conclusion de cette étude sur 263 communautés productrices, rapportée par RFI. C'était dans les communautés cacaoyères de l’ouest, du centre-ouest et du sud du pays. Mais le phénomène toucherait près de 300.000 enfants. Les autorités ivoiriennes avaient pris des mesures pour interdire la présence des enfants dans les plantations de cacao. Le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (Cns), a été mis sur pied. Présidé par la Première Dame, Dominique Ouattara, il a quatre axes d’intervention: il s’agit  des mesures liées à la prévention du phénomène du travail des enfants,  la protection des enfants victimes, la poursuite et la répression des trafiquants et enfin la coordination et le suivi-évaluation des actions.

Face à cette nouvelle donne, le pays va devoir s’adapter, estime Jobst Von Kirchmann , ambassadeur de l’UE à Abidjan, se confiant à RFI. « Il y a un règlement en préparation, qui vise à interdire des produits qui contribuent à la déforestation. Il y a une deuxième législation en préparation, contraignante pour le secteur privé, et qui visera à rendre obligatoire le devoir de vigilance, ce que l’on appelle en anglais le ‘Due Diligence’, en matière des droits fondamentaux. Donc là, vous avez le travail des enfants et le travail décent. La Commission européenne va présenter cela en été 2021 ».

Du côté des autorités ivoiriennes, elles soutiennent qu'une transition est déjà faite depuis plusieurs années, rappelle Patrick Achi, ministre d'État et secrétaire général de la présidence, en charge de ce dossier.  « Je voudrais rassurer les uns et les autres : il s'agit d'une initiative d'abord nationale et la logique des opinions publiques mondiales, qui fait qu'on entre dans ces logiques de réglementation, on la comprend parfaitement. »

Rappelons que la Côte d’Ivoire représente 42% de la production mondiale du cacao estimée à 92%. Ce taux fait 15% de son produit intérieur brut (PIB). Sur les 2 millions de tonnes de cacao produites par le pays chaque année, les 2/3 partent sur le marché européen. Il faut donc des solutions pour une production s'inscrivant dans la durabilité.

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