19 jan 2022 - 10:46
Par Gnamien Attoubré
Le bras de fer entre le Mali et la CEDEAO vient de prendre une nouvelle tournure. En effet, réunis à Accra le dimanche 09 janvier 2021, les chefs d’Etats de l’organisation sous régionale ont décidé d’imposer des sanctions drastiques au Pays. Entre autres un embargo financier, la fermeture des frontières routières et aérienne avec le pays. Une décision condamnée par le pays qui dénonce ce qu’il qualifie de « décisions illégales ».
A l’issue du coup d’Etat, la CEDEAO a suggéré un délai de 18 mois à la junte pour organiser des élections et passer le pouvoir aux civils. Cependant, après des assises nationales organisées par les autorités du pays plusieurs propositions dont le prolongement de la transition jusqu’à 05 ans ont été validées. Une proposition jugée inacceptable et irréaliste par la CEDEO.
Dans un pays en conflit comme le Mali, la recherche de solutions s’appuie sur plusieurs points à savoir la transition démocratique qui permet le retour à l’ordre constitutionnelle, la transition sécuritaire qui a pour but de stabiliser le pays et la transition socioéconomique dont le but est de faire face aux défis sociaux. C’est la conjonction des résultats de ces trois piliers qui permet de sortir de l’impasse.
La volonté de la junte de proroger la durée de la transition s’appuie sur une approche qui va consister à passer par la transition sécuritaire avant d’aboutir à la transition démocratique. En effet, depuis plusieurs années, le Mali est un Etat affaibli du point de vue sécuritaire. Le terrorisme qui s’est amplifié dans le sahel impose au pays des défis importants. Le Sahel est un lieu où la criminalité transfrontalière est importante avec toutes sortes de trafics qui s’opèrent.
Aujourd’hui, une grande partie du pays échappe au contrôle du pouvoir central. Ainsi pour la junte, la priorité est de chercher à stabiliser le pays avant même de passer à la transition démocratique dont la base sera l’organisation des élections. « Le terrorisme s’est étendu. L’autorité et la souveraineté de l’Etat ne sont pas restaurées partout », déclarait Choguel Maiga, Premier ministre malien le 17 septembre dernier lors d’une rencontre avec la société civile du pays.
Choisir entre démocratie et sécurité
Cette approche n’est pas partagée par la CEDEAO. En effet, l’organisation a décidé de lutter non seulement contre les coups d’Etat mais aussi, de faire en sorte que les gouvernements de transitions ne s’éternisent pas au pouvoir. Ainsi donc, elle fait le choix de la transition démocratique comme le préalable pour sortir le Mali de la crise.
Cette approche est connue. Selon les défenseurs de cette thèse, dans les situations de crise, il faut travailler très rapidement à organiser des élections afin de mettre en place des institutions à la fois légales, légitimes et crédibles qui inspirent confiance. Ainsi, ce gouvernement qui apparait comme un interlocuteur crédible vis-à-vis des partenaires.
Dans cette configuration, le plus grand défi c’est arriver à faire concilier les deux approches. Ainsi donc pour sortie de l’impasse politique, la junte va devoir faire des concessions et proposer un programme acceptable mais qui ne remette pas aussi en cause la volonté réelle de stabiliser le pays. De son côté, la CEDEAO va devoir tenir compte de la fragilité de l’Etat malien et gérer cette situation avec un peu plus de recul.
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