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Alassane Ouattara et le piège de "l'homme providentiel"

Ça se passe en Côte d’Ivoire, Politique, Analyses
Alassane Ouattara et le piège de "l'homme providentiel"

13 oct 2020 - 09:54

Regard Citoyens
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Depuis son accession à l’indépendance en 1960, la Cote d’ivoire a fait le choix de la démocratie. Cependant, plusieurs décennies après, le pays n’a pas encore connu de passation de charges en douceur au sommet de l’Etat.

Par Attoubré J.

La démocratie en tant que système politique s’appuie sur un ensemble de règles dont la séparation des pouvoirs, l’alternance politique. Cela suppose que les pays démocratiques sont appelés à vivre des changements à leur sommet.

Mais, dans les jeunes démocraties de l’Afrique subsaharienne, le principe de séparation des pouvoir reste à désirer. En effet, le système présidentiel fort de nos pays confère énormément de pouvoir au président. Dans ces conditions, il arrive souvent que les dirigeants arrivent à se convaincre qu’ils détiennent à eux seuls la clé de la stabilité et du développement.

De l’espoir d’une alternance pacifique à la désillusion

Depuis son arrivée sur la scène politique à Alassane Ouattara a porté l’espoir d’une frange de la population. Avec son parcours académique et son carnet d’adresses, il s’est présenté comme l’homme providentiel.

Celui qui a les solutions aux problèmes des populations. « ADO SOLUTION » tel était son slogan de campagne lors l’élection de 2010. 10 ans après, il a réussi dans bien de domaines même si certains sont restés en friches.

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Toutefois, les ivoiriens plaçaient en lui un espoir. L’espoir de favoriser une alternance en douceur à la tête de l’Etat. Surtout qu’il s’est fait le chantre de la limitation des mandats présidentiels à deux.

Le 5 mars 2020, lorsqu’il annonce sa volonté de se retirer après ses deux mandats, c’est à l’unanimité que cette décision a été saluée. D’ailleurs, ses partisans se sont empressés de le présenter comme le « Mandela ivoirien ». Cependant, suite à la mort de son dauphin Amadou Gon, il décide de se porter à nouveau candidat. Une décision qui a entrainé des manifestations violentes dans le pays. Finalement, Ouattara ne sortira pas comme « le Mandela ». Il est aujourd’hui vu par beaucoup comme l’un de ces chefs d’Etat qui modifient la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir. À cette thèse, Ouattara oppose la « Providentialisation ».

Ouattara est-il le seul qui peut garantir la stabilité ?

A cette question, la réponse du chef de l’Etat ivoirien est sans appel. En effet, il justifie cette candidature par un ultime sacrifice pour la stabilité. « Je dois avouer très sincèrement que j'effectue ce mandat par obligation. Parce l'année prochaine, j'aurai 80 ans. Ceux qui sont de ma génération doivent savoir que travailler 12 ou 14 heures par jour, ce n'est pas facile. Je le fais par obligation, pour la stabilité de notre pays, pour éviter que le pays ne tombe dans les mains des personnes qui ne pensent qu'à leur intérêt personnel. Et ils l'ont démontré par le passé. Je pense que nous nous connaissons. Les uns et autres savent de quoi je parle. », a-t-il déclaré dans l’une de ses sorties publiques.

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À l’analyse, le président Ouattara a réussi à se convaincre que la stabilité de ce pays repose uniquement sur ses épaules. Ce qui supposerait qu’en son absence, le pays pourrait sombrer dans un désastre. Pourtant, un jour où l’autre, il sera appelé à passer la main. Faudra-t-il dans cette perspective craindre pour le pays ? Il est important que les leaders et leurs partisans comprennent que les Hommes passent tandis que l’Etat demeure.

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