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Un universitaire plaide pour l'usage des langues maternelles dans l'administration

Ça se passe en Côte d’Ivoire, Société
Un universitaire plaide pour l'usage des langues maternelles dans l'administration

11 mar 2022 - 07:26

Regard Citoyens
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Lutter contre la disparition des langues en Côte d'Ivoire, tel est l'un des objectifs du Professeur Joseph Bogny, maître de conférences, et par ailleurs chef de département des sciences du langage. Il a dans ce sens plaidé en faveur de l'usage des langues locales dans l'administration ivoirienne à l'occasion d'une table-ronde.

Par Daniel Coulibaly

Selon l’Unesco, 6 700 langues sont parlées à travers le monde. Malheureusement 43% de ces langues sont menacées de disparition. Dans le système éducatif et dans le domaine public, l’Unesco évoque quelques centaines de langues qui sont véritablement valorisées, et moins d'une centaine sont utilisées dans le monde numérique. Ce qui voudrait dire que toutes les deux semaines, une langue disparaît pour toujours, emportant avec elle tout un patrimoine culturel et intellectuel.

C’est bien cette crainte qui anime le Pr Joseph Bogny, maître de conférences, et par ailleurs chef de département des sciences du langage, à l’université Félix Houphouët-Boigny. A l’occasion d’une table-ronde organisée par ce département, le mercredi 2 mars dernier, il a plaidé pour que le baoulé, bété, senoufo et le dioula soient pratiqués dans l’administration ivoirienne.

Pour le Pr Bogny Joseph, on ne devrait pas empêcher un citoyen de s’exprimer dans sa langue maternelle, même s’il se trouve dans un service public.

« Il devrait pouvoir échanger dans sa langue maternelle et non lui imposer le français », soutient-il.

Et de poursuivre pour ajouter que nous avons perdu beaucoup de nos richesses à cause de la perte de nos langues maternelles. Or celles-ci représentent en quelque sorte notre âme ; donc les laisser disparaître revient à perdre notre âme.

« Aucun peuple,ne s’est développé à partir d’une langue étrangère. », a-t-il ajouté, tout en exhortant chaque africain, et particulièrement les Ivoiriens à parler leurs langues. Lesquelles, selon le Pr Foba, proviennent d’une même grande famille de langue qu’est le Niger Congo. Même s’il existe 4 groupes linguistiques en Côte d’Ivoire, avec une soixantaine de langues. Le Pr Foba estime que les ressemblances évidentes entre les langues ivoiriennes devraient pouvoir aider chacun à comprendre que nous sommes un.

«Si nous partons du postulat que nos langues ont une même origine, cela doit amener chacun à comprendre que nous sommes un et que nous devons vivre ensemble", a-t-il clamé.

Si tel est le cas, a insisté le linguiste, il faut convaincre, sinon accompagner le politique dans son aménagement linguistique. Dans nos différentes cultures, nos langues peuvent nous aider à sensibiliser sur des pratiques telles que l’excision, condamnée par la société.

Le Dr Houmega qui a dénoncé l’excision chez le peuple Yacouba relève comme causes entre autres : un fait culturel, la domination masculine , l’interdiction de l’accès à l’orgasme, un fait de mariage… Elle estime qu’il faut éduquer nos sociétés à bannir cette pratique qui déshonore la femme, à travers le monde( France, Mali, Soudan, Colombie, Égypte etc.).

Cette table-ronde fait suite à la journée internationale de la langue maternelle instituée par l’Unesco, tous les 21 février de chaque année dans le but de promouvoir et préserver la diversité linguistique et culturelle. Elle avait pour thème: « origine commune des langues ivoiriennes: quel impact scientifique, politique, économique et social ? ».

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